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Les costumes d’Indiens bannis d’un commerce de Saint-Constant

le vendredi 29 septembre 2017
Modifié à 10 h 35 min le 29 septembre 2017
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Lors de sa visite au magasin Halloween Dépôt à Saint-Constant, Marion Delaronde a été heureuse de constater que les tablettes du commerce étaient dénuées de costumes d’Indiens. La résidente de Kahnawake a partagé sa joie dans un statut Facebook publié sur sa page personnelle le dimanche 24 septembre. À ce jour, son message a été partagé plus de 900 fois et aimé par 2 500 personnes. Signe que la communauté autochtone a soif de changement, dit-elle. «Ça fait longtemps qu’on dit que les costumes d’Indiens sont dégradants pour nous, mais personne n’osait jamais le dire de peur d’être pris à partie ou pointé du doigt, dit la mère de deux enfants. Depuis quelques années, on sent que les gens se sentent plus à l’aise de dénoncer.» Réducteurs L’an dernier, lors de leur virée magasinage pour trouver des déguisements, les deux enfants de Mme Delaronde lui avaient confié trouver triste de voir leur culture ridiculisée. «Non seulement les costumes sont parfois ultra sexy, mais jamais tu ne verrais de costume d’homme noir ou de femme italienne, alors pourquoi on vend encore des costumes d’Indiens?» questionne-t-elle. De plus, elle estime que les robes à franges, les plumes et autres accessoires sont réducteurs et qu’ils contribuent à perpétuer des stéréotypes à l’égard des communautés autochtones. C’est pourquoi la mère et les deux enfants étaient très fiers de voir que l’Halloween Dépôt est sensible à leur cause. «Quand nous avons demandé à la vendeuse pourquoi il n’y avait pas de costumes d’Indiens, elle nous a répondu qu’ils n’étaient pas appropriés et que le magasin n’en avait pas commandé cette année», raconte Mme Delaronde. «Je l’ai remerciée et lui ai dit qu’elle avait de quoi être fière», poursuit-elle. Lorsque Le Reflet a sollicité une entrevue avec la vendeuse, celle-ci a préféré que ce soit le propriétaire du commerce qui explique son choix. Celui-ci n’a pas souhaité commenter l’affaire.   «Nous ne sommes pas des costumes» L’an dernier, une journaliste Mohawk du Eastern Door, Jessica Deer, a dû débourser 1500$ pour avoir apposé des autocollants sur les emballages de costumes dans un commerce de Montréal. Le propriétaire l’a vue et a appelé la police. Soit elle achetait tous les costumes sur lesquels elle avait posé des autocollants, soit elle était arrêtée pour vandalisme. Elle a finalement payé et l’histoire a fait grand bruit dans la communauté. En 2013, des membres du Kahnawake Youth Forum, dont Mme Deer fait partie, ont imprimé des autocollants sur lesquels étaient écrits «Dites-non à l’appropriation culturelle» pour inciter les gens à réfléchir sur le port du costume d’Halloween de l’amérindien.