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Départager le vrai du faux en alimentation

le mercredi 18 octobre 2017
Modifié à 10 h 39 min le 18 octobre 2017
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Auteur du livre Sauver la planète une bouchée à la fois, le nutritionniste Bernard Lavallée sera en conférence au centre Claude-Hébert à Candiac le lundi 23 octobre. Loin de vouloir faire la morale, il souhaite plutôt exposer les gens à une information qui soit «crédible, basée sur la science et indépendante de l’industrie agroalimentaire». Pourquoi l’alimentation est-elle devenue un sujet chaud? «La santé en général, c’est devenu super important. On vit de plus en plus vieux, mais en même temps, on a de plus en plus de gens qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et l’obésité. Dès qu’on a commencé à comprendre que l’alimentation avait un impact direct sur la santé, les gens se sont mis à s’y intéresser davantage pour pouvoir prévenir plutôt que guérir.» Pourquoi y a-t-il autant de confusion, selon vous? «Il y a tellement de discours qui s’entrechoquent et qui vont d’un côté comme de l’autre que c’est devenu difficile d’y voir clair. Le problème, c’est que comme l’alimentation est devenue une préoccupation des consommateurs, plein de gens se sont mis à s’y intéresser, dont l’industrie agroalimentaire. Elle développe des produits qui sont très transformés, qui sont riches en gras, en sucre et en sel, mais les nutritionnistes sont en train de dire que de manger des aliments riches en gras, en sucre et en sel, ce n’est pas très bon. Pour continuer à vendre des choses aux gens qui s’intéressent à leur santé, l’industrie s’est mise à développer des produits qui ont l’air santé et participent à cette confusion-là.» Votre conférence se nomme Cinq tendances en alimentation et nutrition, quelles sont-elles? «La conférence porte sur des tendances, mais surtout sur des questions que je reçois souvent en nutrition. Je me suis dit, plutôt que de répondre morceau par morceau à chaque personne, pourquoi ne pas faire une conférence qui aborderait ces différentes questions-là.» Avez-vous un exemple? «On me demande souvent si les aliments biologiques sont meilleurs pour la santé. Je dirais que les bénéfices sont surtout environnementaux et pour la santé des travailleurs agricoles. L’exposition à des grosses doses de pesticides de synthèse est associée à plein de problèmes de santé. Donc, en achetant bio, on aide à protéger les personnes qui produisent nos aliments. Mais comme consommateur, on mange de toutes petites doses de ces produits-là. Donc, quand on compare les gens qui mangent juste bio versus les autres, on se rend compte qu’il n’y a pas nécessairement d’effets sur la santé. Ce que je dis, c’est qu’on n’a pas à s’inquiéter par rapport aux pesticides, mais on peut quand même en ingérer moins si on mange bio, si on lave nos fruits et légumes, si on les épluche ou qu’on consomme des produits locaux qui en contiennent moins.» C’est quoi la valeur ajoutée de manger bio si ça ne fait pas une grosse différence sur la santé? «C’est très bien démontré que ça aide à conserver l’environnement et on sait que d’un point de vue plus large, quand on dégrade l’environnement, ça affecte la santé humaine. Les pesticides ce sont des poisons pour les insectes, des molécules qui vont tuer des mauvaises herbes, et quand ces produits-là se retrouvent dans notre environnement et nos rivières, ils affectent la biodiversité. Ça ne disparait pas, donc on se retrouve à les consommer d’une autre façon.» [caption id="attachment_34338" align="alignnone" width="521"] Bernard Lavallée est membre de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec et détenteur d'une maîtrise en nutrition.[/caption]