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Flou autour de l’utilisation des données

le vendredi 04 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 04 septembre 2015
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

«Jusqu’à quel point est-ce que les électeurs peuvent et doivent être avisés de ce que les partis politiques vont faire avec leurs données?» questionne le politologue et chargé de cours à l’école de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, Emmanuel Choquette.

«Est-ce que cette récupération-là est faite en toute transparence? Les gens dont on va utiliser les données, est-ce qu’ils ont donné leur accord? Tout cela est encore très flou. Les questionnements et les ambiguïtés sont nombreux», commente le spécialiste.

Dans ce contexte, la part de responsabilité qui revient aux citoyens n’est pas négligeable. En prenant conscience des traces qu’on laisse, il est plus aisé marquer un trait fort entre sa vie publique et privée, souligne M. Choquette.

Plusieurs professeurs, chercheurs, spécialistes en science sociale et politique se penchent de plus en plus sur les aspects légaux et éthiques de ces questions.

Pas un phénomène nouveau

Néanmoins, les partis politiques colligent des données depuis des années, souligne M. Choquette.

«L’expression faire sortir le vote provient directement de cette connaissance de son électorat, dit le spécialiste. Faire sortir le vote, ça veut dire que les gens qui sont censés voter pour nous, il faut qu’ils aillent voter. Avant, on avait le pointage, des grilles et désormais, avec la performance des logiciels, on peut aller dans le big data qu’on considérait comme un monde de chiffres et de données incalculables, qui tout à coup, grâce à la performance des logiciels, deviennent accessibles.»

Les bases de données sont des procédés qui sont utilisés depuis un bon moment par les partis politiques provinciaux et fédéraux ainsi que par nos voisins américains.

Or, est-ce que les renseignements et le programme électoral sur mesure qui en découle font en sorte qu’un parti politique obtient plus de votes?

«Sachant très bien que dans la tranche entre 18 et j’oserais dire 50 ans il y a une majorité de la population qui s’intéresse peu ou pas à la politique, il y a beaucoup plus de chances qu’ils soient influencés par les pancartes électorales que ce qu’on voit ailleurs», conclut M. Choquette.