Opinion

Hommage à mes parents mariés depuis 70 ans

le mercredi 18 janvier 2017
Modifié à 0 h 00 min le 18 janvier 2017

Lettre ouverte d'une lectrice à ses parents.

Par une journée pluvieuse de janvier 47, Robert, ravi et inquiet, et Henriette, entre deux nausées, décidèrent de convoler. Ils étaient loin de se douter où tout cela  les mènerait. Deux filles adorables leur étaient arrivées: Menou, mignonne et proprette, et Nanette, hasardeuse et distraite.

Plus les années passaient, plus un désir les taraudait: leur vie méritait d’être améliorée. En France, point de salut; tout stagnait, tout était bloqué; le pays était lent à démarrer une fois la guerre terminée. 

Henri, depuis longtemps installé dans un pays de froidure et de liberté, l’incitait à y déménager. Ce qui fut fait au deuxième essai. En mai 1958, âgés respectivement de 8, 10½, 29½ et 34 ans ½, la petite famille partait pour un long périple terrestre et marin: Bordeaux-Paris en train de nuit (8 heures), Paris-Le Hâvre (3 heures) et sur l’Homéric, Le Hâvre-Montréal (7 jours).

Le père, victime du mal de mer, est resté alité; la mère, fascinée et envoûtée, se promenait par beau temps ou en pleine tempête sur le pont promenade avec sa fille aînée; les deux filles, en quête d’aventures, couraient partout en compagnie d’enfants de leur âge en liberté pas trop surveillée! 

Paris les a émerveillés; l’océan les a hypnotisés et les quais de Montréal, un peu déroutés. Pendant tout ce temps, Menou, la petiote, ne comprenait pas ce qui se passait et, ne posant pas de questions, n’a eu aucune explication...

Alors ce furent de durs moments: appartements, meubles et boulot à trouver. Les filles, casées en colonie de vacances, les parents mettent les bouchées doubles, aidés par les Soeurs du Bon Conseil et par des amis incroyables, les Hernando, les David et les Esteban.

Premières neiges, premiers froids, premiers doigts gelés. Il faut apprendre à s’habiller!  Ils travaillent dur pour s’habituer.

Tout l’été sans les filles: quel vide pour la maman qui ne les avait jamais laissées; elle entend leurs appels au loin ou bien tout près... Les pensionnaires ou plutôt les <@Ri>colonnettes<@$p> attendaient fébrilement l’arrivée de l’autobus du dimanche qui déversait joyeusement une quarantaine de bras tendus! 

Le temps a passé; les filles ont étudié; les parents ont travaillé. En 1966, ils ont acheté leur première maison sur la rue Shelley et plus tard, une <@Ri>cabane au Canada<@$p>, au bord du lac Fournel à Saint-Hyppolite. Que de bons moments la famille y a passés! Une table sur un tronc d’arbre, un foyer dans un vieux frigo, de l’eau du lac pour la vaisselle.

En 1973 et 1975 deux bébés sont venus égayer les fins de semaine et les années: Véronique et Frédéric nous ont enchantés! Les petits bonheurs, les petits soucis, les voyages et les amis. Chez les Jougla, une manie: pour un non pour un oui, on fait la Fête, on est su’l’party

Ainsi va la vie. Une vie un peu trop résumée qui se poursuit jusqu’à une grande joie: la naissance de Nicolas Monarque en 2004. Arrière-grands-parents, quel beau métier de retraités!

Bon anniversaire de mariage à tous deux, parents bien-aimés.  XXX

De votre  famille

Par Rose-Noëlle Jougla