Opinion

J'ai peur

le mercredi 28 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 28 octobre 2015

Voici le billet du 28 octobre de Hélène Gingras.

De quoi avez-vous peur?

À Delson, il y avait une vieille école. Que j'ai fréquentée pendant mes premières années du primaire. Avant que ne soit construite l'école Louis-Lafortune où j’ai poursuivi mes études à la fin des années 1970.

L'école Sainte-Thérèse n'était pas neuve. Construite à côté de l'église.

Un bâtiment en briques austère. Érigé sur la hauteur. Dans le livre Delson, histoire d’une ville, on y indique qu’elle existait en 1935. Qu’elle avait été agrandie en 1948.

Une fois l’école transformée en centre communautaire, des rumeurs ont commencé à circuler sur la présence d'esprits entre ses murs.

Elles étaient surtout relayées par des adolescents à l’imagination fertile qui fréquentaient un local à cet endroit. L'ancêtre de la maison des jeunes Sympholie.

J'étais trop jeune à cette époque; je ne fréquentais pas l’organisme. Mais j’étais assez grande pour entendre les histoires. Que des religieuses (les Sœurs de Saint-Joseph) avaient jadis accouchées d'enfants illégitimes dans cette ancienne école. Qu’il y avait un tunnel souterrain menant je ne sais où.

Une fois, une feuille de papier avait été glissée sous la porte du local de la maison des jeunes. Avec une empreinte de pas dessus. Alors qu'il n'y avait personne d'autre dans le bâtiment. Plus tard, les jeunes ont trouvé un couteau planté dans la porte du local. Comme ça...

S'agissait-il de coups montés? Probablement. Par des ados cherchant à en effaroucher d'autres. N'empêche que le mystère faisait son effet. Et nous donnait la chair de poule.

 

J’ai dû me rendre seule à quelques reprises dans le local de l'AFÉAS qui se trouvait aussi dans l’ancienne école. Pour aller récupérer de la laine, du fil ou quoi encore pour les bénévoles dont ma mère. Chaque fois, j’en tremblais. J'y allais à reculons sans vouloir dire que j'avais peur de tomber face à face avec quelqu'un venu de l'au-delà. À l'affût du moindre bruit anormal. Une fois, je me souviens d'avoir failli faire une crise cardiaque en entendant de l’eau couler dans les tuyaux des toilettes. Un fonctionnement automatique sans doute.

Je n'ai jamais été complètement à l'aise de retourner dans cette ancienne école. Même en compagnie d'autres préados comme moi pour y écouter un film dans le sous-sol (<@Ri>Le balafré<@$p>, je me souviens).

L'endroit est toujours demeuré mystérieux. Lugubre. Épeurant. À éviter. Je ne saurai jamais si c'était vrai. Néanmoins, ma peur, elle, était bien réelle.

<@Ri>«Tout est bruit pour qui a peur.»<@$p>

-Sophocle