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Le vaste chantier de déconstruction du pont Champlain s’amorce

le vendredi 28 août 2020
Modifié à 8 h 13 min le 28 août 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Seulement 58 ans après sa mise service et un peu plus d’un an après l’ouverture de son successeur, le vieux pont Champlain ne sera bientôt plus qu’un souvenir. L’imposante opération de déconstruction de la structure s’est amorcée le 23 août, de l’autre côté du fleuve. Au terme de 43 mois de travaux, 250 000 tonnes de béton, 25 000 tonnes d’acier et 12 000 tonnes d’asphalte auront été démantelées. À LIRE AUSSI: Signature du contrat pour la déconstruction du pont Champlain La déconstruction du pont Champlain pourrait prendre trois ans On roule pour une dernière fois sur le vieux pont Champlain Les composantes se trouvant sur l’Île-des-Sœurs seront les premières à être déconstruites, soit la culée du pont, deux travées et une pile. Les travaux qui ont débuté le 23 août de chaque côté du boul. René-Lévesque devraient être complétés en deux semaines. Les travaux, coordonnés par le consortium Nouvel Horizon St-Laurent, se poursuivront ensuite au-dessus du fleuve.
Plan de la première phase des travaux de déconstruction (Photo: PJCCI)
Conserver ou démanteler? Construit de 1957 à 1962 au coût de 35 M$ et mis en service en juin 1962, le pont Champlain est un pont à poutres cantilever, long de 3,44 km, construit en acier, béton armé et béton précontraint. Le béton précontraint contient des câbles dont la mise en tension confère une très forte résistance à l’ouvrage. La structure du pont a subi un vieillissement accéléré en raison des sels de déglaçage et parce qu’il était le pont le plus achalandé au Canada, avec le passage de 60 millions de véhicules par année et de 16 600 camions chaque jour. Sa conception d’origine empêchant d’isoler les éléments endommagés pour les remplacer – le tablier faisant partie de la structure même du pont et étant un élément clé dans sa solidité –, le remplacer était donc la seule solution viable.
Photo d’archives – Avril 2011
Pas question non plus de conserver la structure pour d’autres usages, comme le transport cycliste, par exemple. «La structure est très très endommagée, indiquait récemment la directrice des communications de la société Les ponts Jacques-Cartier et Champlain incorporée (PJCCI) Nathalie Lessard à la radio de Radio-Canada. Son poids équivaut à 80% de sa charge totale donc, même s’il n’y a pas de circulation, c’est un ouvrage qui est très lourd et qui a de la difficulté à « s’autoporter ».»
Même sans circulation, il pourrait ainsi coûter de 4 à 7 M$ chaque année en travaux d’entretien et d’inspection pour le maintien de l’infrastructure. Démolir ou déconstruire? Afin de minimiser l’impact des travaux sur l’environnement et sur le public, ainsi que pour favoriser la réutilisation des matériaux, la PJCCI a choisi de déconstruire le pont. «La déconstruction est un travail plus délicat que la démolition, qui implique souvent du dynamitage, explique Nathalie Lessard. On va ainsi démanteler le pont section par section, pièce par pièce.» Un projet de 400 M$ L’évaluation préliminaire des coûts pour la déconstruction du pont Champlain est de 400 M$. Cette somme comprend les travaux de déconstruction comme tels, le transport et la valorisation des matériaux, les mesures de protection de l’environnement, le programme de recherche et développement et l’aménagement des berges à la fin du projet. Les travaux de déconstruction coûteront 225,7 M$. À cette somme s’ajouteront des frais directs liés à la mise en place de mesures sanitaires. Questionnée au sujet de l’impact de la pandémie sur le projet, Nathalie Lessard rappelle que le contrat avec le consortium Nouvel Horizon St-Laurent, formé de Pomerleau et de Delsan-A.I.M., a été signé à la fin du mois de juin. «On a déjà prévu une extension de l’échéancier. Initialement, on prévoyait 36 mois, mais on s’en est donné 43 parce que dans les conditions actuelles, on peut imaginer qu’il y aura des pertes de temps, des pertes de productivité et du ralentissement sur le chantier. On a aussi prévu, au-delà des 225 M$, des frais directs qui vont s’ajouter et qu’on n’a pas encore chiffrer à ce moment-ci parce que le chantier s’amorce.»
(Photo: Archives – Le Courrier du Sud)
Le pont Champlain en chiffres
  • 3,4 km de long
  • 50 travées représentant 350 poutres de béton précontraint de 220 tonnes chacune
  • 7 travées composées de poutres triangulées en acier
  • 250 000 tonnes de béton provenant du tablier et des piles
  • 25 000 tonnes d’acier provenant des travées et des renforcements, dont les grands treillis sous les poutres de rive
  • 12 000 tonnes d’asphalte provenant de la chaussée
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