Opinion

Le vrai sacrifice

le mercredi 07 février 2018
Modifié à 9 h 39 min le 07 février 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Avons-nous perdu le sens du sacrifice?  Dimanche matin, j'écoutais la radio. L’animateur racontait qu'il n'avait pas saisi toute la portée du défi d'un mois sans boire de l'alcool. Vous le savez sans doute, c'est la Fondation Jean-Lapointe qui a lancé cette initiative il y a quelques années. Comme façon de sensibiliser les gens à leur consommation. À son importance – ou non – dans leur vie. Venant d'un organisme qui lutte contre la toxicomanie et autres dépendances, j'aime bien l'initiative. Pour en revenir à l'animateur de radio, il racontait qu'il regrettait de n’avoir pas considéré que ça allait être le Super bowl dimanche. Une occasion pour les amateurs de football de faire le party, de se réunir pour regarder le match. Mais surtout pour célébrer. Manger des bouchées. Et boire de l’alcool. Depuis une semaine, il n'arrêtait pas d'y penser. Comme à une obsession. À une date d'examen stressant qui approche.  À un rendez-vous important pour notre vie ou notre travail. Qui nous empêche de bien dormir. D'avoir l'esprit en paix. Bref, je le suivais jusque là. Je pouvais comprendre – jusqu’à un certain point – sa préoccupation. Cependant, quand il a ajouté qu’il allait faire une entorse à son défi sans alcool dimanche soir en raison du Super bowl, j'ai décroché. C’est justement là l’essence même du challenge! Et de la satisfaction qui s’en suivra ensuite. Un défi doit nous sortir de notre zone de confort. Nous inciter à se dépasser. Demander un effort supplémentaire. Un certain sacrifice. Sinon, ce n’est pas un challenge pour nous. Puis, si on se défile au moindre obstacle ou qu’on se trouve des excuses, c’est contourner les difficultés. Pas les surmonter.
«L’ennui est au bout de tous les plaisirs: le contentement au bout de tous les sacrifices.» -Octave Pirmez
Ça me rappelle une histoire que j'ai entendue il y a quelques années. Celle d'un petit garçon qui avait accepté de donner plusieurs de ses jouets. Ses parents étaient fiers de lui. Estimant lui avoir appris le don de soi. La générosité. L'altruisme. Or, le gamin avait raconté à quelqu’un qui lui posait la question qu’il avait tellement de jouets que ça lui importait peu d’en donner. Il avait fait le tri simplement: au moindre attachement à un jouet, il le gardait. Autrement, il le mettait dans une boîte de dons. Le véritable sacrifice pour lui aurait consisté à mettre dans la boîte au moins un jouet auquel il tenait un peu.