Opinion

Les conséquences

le mercredi 13 mai 2015
Modifié à 0 h 00 min le 13 mai 2015
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Connaissez-vous les conséquences de vos gestes?

Je n'oublierai jamais. J’avais une dizaine d’années peut-être. C'était un samedi soir. Nous rentrions de la messe de Pâques. Nous avions fait un arrêt au sous-sol de l'église pour déguster quelques pâtisseries en famille après la célébration. Pour mettre fin au Carême. C'est sans doute pendant ce temps que des voleurs se sont introduits dans notre maison.
Si nous étions rentrés directement de la messe, nous n'aurions probablement jamais été cambriolés...
La police pense même que les voleurs ont pris la poudre d'escampette par une fenêtre en entendant notre voiture entrer dans le stationnement. Partis avec des bijoux. Et de l’argent.
Je n'oublierai jamais la voix de ma mère lorsqu'elle est entrée dans la maison. Se demandant qui avait laissé telle porte d'armoire ouverte dans la cuisine. Son timbre de voix n'était pas celui qu'elle utilisait pour nous disputer. Par instinct, elle savait que quelque chose clochait. Et, par la bande, nous aussi.
On n'a pas mis de temps à découvrir que toutes chambres avaient été retournées sens dessus-dessous. Nos tiroirs vidés de leur contenu. Nos vêtements pêle-mêle jonchant le sol.
Le garde-robe des mes parents était dans un désordre encore plus indescriptible. Tout ce qui se trouvait sur les tablettes avait été renversé sur le sol. Ne se trouvait plus dans son enveloppe ou dans sa boîte. Des papiers partout. Puis des jeux de cartes éparpillés. Parce que mes parents les rangeaient à cet endroit.
Encore aujourd'hui,  quand je pense à ce cambriolage, ce sont les souvenirs qui me reviennent en tête. Plus celle d'une trace de soulier découverte dans le jardin le lendemain. Appartenant à un adulte.
Ce soir-là, je me souviens d'avoir dormi avec mes deux sœurs dans le même lit. Tant nous avions peur. Avec le sentiment d'avoir été violées parce que quelqu'un s'était introduit dans notre maison. Allant jusqu'à toucher nos sous-vêtements.

Longtemps par la suite, j'ai eu peur de descendre dans le sous-sol toute seule. Quand ma mère me demandait d'aller chercher quelque chose dans la dépense, je continuais de lui parler chemin faisant. Pour ne pas être seule. Au cas où il m’arriverait quelque chose. Que quelqu’un soit caché. C'était pour ma propre sécurité. Ma propre tranquillité.
J'en suis revenue aujourd'hui.

Il m’arrive parfois de me demander si les cambrioleurs n’ont jamais su les conséquences de leur geste.

 

«Toutes les morales sont fondées sur l’idée qu’un acte à des conséquences qui le légitiment ou qui l’oblitèrent.»

-       Albert Camus