Actualités

Parler de finance aux jeunes

le jeudi 10 novembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 10 novembre 2016
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Guillaume Michaud, spécialiste en matière de finance sera de passage à Candiac, le 14 novembre, dans le cadre d’une conférence sur l’éducation financière des enfants. Détenteur des titres de CPA (comptable professionnel agréé), CMA (comptable en management accrédité), MBA (maîtrise en administration des affaires), il répond aux questions du Reflet.

 

1. Parler d’économie à des enfants, dès 5 ans, est-ce trop tôt ?

Nous devons répondre adéquatement aux questions de notre enfant, et ce, peu importe son âge. On avance au rythme de notre enfant: comment papa et maman reçoivent de l'argent. Quand un enfant comprend l'importance de l'argent, il apprécie davantage les choses qu'il possède, puisqu'il en connaît la valeur.

 

2. Est-ce un sujet tabou ?

Oui, sans équivoque. La plupart des gens n'aiment pas parler d'argent. Ils n'aiment pas qu'on leur pose des questions d'ordre financier. On aurait avantage à discuter plus ouvertement d'argent avec les gens qui nous sont proches.

 

3. Les adolescents connaissent-ils la réelle valeur de l’argent ?

Malheureusement non. Ils sont littéralement bombardés par des publicités leur suggérant qu'ils ont absolument besoin du nouveau cellulaire, de faire des voyages, etc.  Comment leur en vouloir de ne pas connaître la valeur de l'argent si l'on ne leur en parle pas? Si pour nous la sécurité, la stabilité, la famille et l'épargne sont des valeurs fondamentales, on se doit d'en discuter avec nos enfants.

 

4. Est-ce que les jeunes ont tendance à s’endetter ?

Selon Statistique Canada, entre autres, on constate que les jeunes ne s'en tirent pas très bien quand on parle d'endettement. Ils auraient avantage à différencier une envie d’un besoin. Les adultes aussi sont endettés. Parmi les 20 pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), c'est le Canada qui a le pire endettement en pourcentage du revenu. Le taux d'épargne des ménages canadiens n'a pas été aussi bas depuis 1938.

 

5.  À quel moment un adolescent devrait-il se procurer une carte de crédit ?  

Il peut se procurer une carte de crédit, sous supervision, lorsqu’il aura beaucoup d'achats à faire. Par exemple, quand il termine son secondaire V ou s’il part pour étudier dans une autre ville. On doit superviser son enfant en regardant transaction par transaction ce qu'il a dépensé durant le mois, histoire que la situation ne deviennent pas incontrôlable.

6. Doit-on accorder une allocation à son enfant en échange de tâches effectuées à la maison ?

Dans une famille, tout le monde doit faire sa part. Je ne crois pas que ce soit justifié de donner de l'argent. C'est normal de demander à un enfant de ranger sa chambre, de faire son lit. L'enfant pourrait recevoir de l'argent pour des travaux, disons plus costauds, comme tondre la pelouse.

 

7. Est-ce aux parents d’assumer entièrement les frais du cellulaire de leur enfant ?

En tant que parent, on peut assumer une partie de la facture, puisque le cellulaire sert également à nous rassurer. Je suis contre le fait de payer l'entièreté de la facture. Nos enfants doivent faire des choix: avoir un cellulaire ou s'acheter des jeux vidéo, par exemple. Je pense qu'une proportion de 60% payée par les parents et 40% payée par l'enfant serait raisonnable.  

 

8. Travailler à temps partiel durant l’année scolaire au secondaire, est-ce une bonne chose ?

Le travail à temps partiel permet à notre enfant de se rapprocher de son indépendance personnelle et monétaire. Il lui permet d'économiser davantage pour ses projets futurs, comme les études. Il ne faut, en aucun cas, que le travail à temps partiel de l’enfant nuise à ses études.

 

9. Quel piège guette le plus souvent les ados lorsqu’il est question d’argent ?

Je dirais que c'est l'idée que l'argent apparaît comme par magie dans les poches de ses parents. Certains jeunes dépensent sans compter. Ils vivent, comme leurs parents ou amis, d'une paye à l'autre (ou d'une allocation à l'autre) sans jamais faire d'épargne. Le piège, c'est qu'ils n'apprennent pas la nécessité d'économiser.

 

10. Québec a annoncé le retour des cours d’économie au secondaire. Êtes-vous d’accord ?

Oui! Je donne des ateliers dans les écoles secondaires pour montrer aux adolescents comment faire un budget et autres sujets. Je suis toujours surpris de voir le niveau très faible de connaissances financières des élèves en secondaire IV et V. L'école a un rôle à jouer.

Dernières nouvelles