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PHOTOS ET VIDÉOS - Euthanasie de cerfs : les relocaliser n’était pas une option

le mercredi 11 novembre 2020
Modifié à 12 h 05 min le 11 novembre 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

L’annonce de l’euthanasie prochaine de 12 à 15 cerfs de Virginie pour contrer la surpopulation au parc Michel-Chartrand a rapidement soulevé un tollé de protestations. Une pétition réclamant plutôt que les bêtes soient transportées dans une autre région a déjà récolté près de 3000 signatures. Or, relocaliser les cerfs n’est pas une option, répondent la Ville de Longueuil et les experts. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) explique que le cerf de Virginie est un animal très sensible au stress. L’endormir pour le déplacer entraîne un changement métabolique chez l’animal. Ainsi, plus de 50% des cerfs qui sont endormis pour être transportés dans une autre région sont retrouvés morts quelques heures ou quelques jours plus tard. https://www.dailymotion.com/video/x7xf796 Le danger est également très grand pour un cerf qui serait déplacé dans une région éloignée, l’animal n’étant pas adapté à des conditions météorologiques différentes, en plus d’être confronté à de nouvelles maladies. Déplacer les cerfs localement, au boisé du Tremblay, n’était pas non plus envisageable. Les cerfs étant très mobiles sur le territoire, le risque qu’ils reviennent au parc Michel-Chartrand par eux-mêmes était trop grand. L’option aurait également pu entraîner une dispersion des bêtes en territoire agricole, ce qui n’est pas souhaitable. Troisième option non retenue par la Ville : autoriser la chasse au parc Michel-Chartrand. Le parc comptant un nombre important de sentiers pédestres ainsi que de nombreux accès, en plus d’être très fréquenté, l’enjeu de sécurité était beaucoup trop important. Deux fois trop Malgré les efforts pour réduire les impacts et contrôler la surpopulation des cerfs au parc Michel-Chartrand, force est de constater que le nombre de cerfs ne cesse d’augmenter, déplore la Ville. La capacité de support d’un territoire est la pression maximale qu’un animal peut exercer sur son environnement sans en affecter la pérennité. Dans le cas du cerf en milieu urbain, le MFFP fixe la densité acceptable à 8 cerfs par kilomètre carré. Pour un parc de 1,85 km2 comme le parc Michel-Chartrand, la population idéale de cerfs devrait se situer à environ 15 individus.
«L’objectif est d’établir un équilibre et non d’éradiquer la population de cerfs au parc.» – La Ville de Longueuil
Le dernier inventaire aérien, réalisé le 20 février 2017, fait plutôt état de 32 cerfs au parc. Contrairement à la croyance populaire, le développement résidentiel et l’étalement urbain ne seraient pas responsables de la surpopulation de cerfs, la situation étant la même en milieu agricole. Les principales raisons de la surpopulation de cerfs, qui n’est pas propre à Longueuil, seraient plutôt l’absence de prédateurs et les hivers de plus en plus doux. La Ville et le MFFP notent également une diminution non négligeable du nombre de chasseurs au cours des dernières années. Avenir menacé La surpopulation de cerfs menace l’avenir du parc en mettant entre autres en péril la biodiversité animale et végétale et en compromettant les plantations actuelles et futures, dont celles prévues pour combler l’abattage des frênes atteints par l’agrile. «Une densité aussi élevée de cerfs est même nuisible pour l’espèce elle-même, entre autres en raison de la nourriture qui est plus difficilement accessible et du danger de propagation de maladies», indique la Ville. [caption id="attachment_98480" align="alignnone" width="1041"] La création d’exclos – des zones de végétation protégées des cerfs par des clôtures – montre clairement l’effet de la surpopulation des bêtes sur la flore du parc. (Photo : Ville de Longueuil)[/caption] En cherchant à se nourrir ailleurs, les cerfs sont également à risque de provoquer des accidents routiers. Seulement en 2019, 38 appels pour des accidents impliquant un cerf sur le territoire de Longueuil ont été placés au 911. 12 à 15 bêtes euthanasiées L’opération de capture et d’euthanasie sera menée sur 12 à 15 bêtes, majoritairement des femelles, qui sont responsables de la régénération de la population de cerfs du parc. Afin de préserver la viande pour qu’elle soit remise à Moisson Rive-Sud, qui en fera don aux organismes de dépannage et banques alimentaires du territoire, l’euthanasie des cerfs sera faite sur place par un vétérinaire, à l’aide d’un pistolet percuteur. L’opération, qui se tiendra sur quelques jours à la fin du mois de novembre, coûtera 65 000$ à la Ville. Un inventaire aérien du parc Michel-Chartrand sera ensuite réalisé en 2021, de même que des observations sur le terrain. Intensifier la chasse https://www.dailymotion.com/video/x7xf74r Longueuil assure que la décision d’euthanasier près de la moitié des cerfs du parc Michel-Chartrand, prise en concertation avec le MFFP et les experts en contrôle animalier, n’est pas celle qu’elle aurait souhaité appliquer, mais qu’il s’agit de la meilleure option dans les circonstances. Précisant qu’elle ne souhaite pas devoir répéter cette opération, elle compte donc beaucoup sur la chasse au boisé du Tremblay pour aider à maintenir la population de cerfs à un niveau acceptable. Actuellement, entre 9 et 11 cerfs sont abattus annuellement par des chasseurs sur le territoire de Longueuil. La Ville souhaite que ce nombre augmente à 15. Une campagne de sensibilisation est également déployée dès cette semaine pour rappeler aux visiteurs du parc l’importance de ne pas nourrir les animaux. Elle souligne que la nourriture offerte au cerf, n’étant pas adaptée à l’animal, peut lui causer plusieurs problèmes de santé, en plus de favoriser le déplacement des bêtes vers le parc. [caption id="attachment_98478" align="alignnone" width="2560"] Une campagne de sensibilisation vise à rappeler aux visiteurs du parc l’importance de ne pas nourrir les animaux. (Photo : Le Reflet - Geneviève Michaud)[/caption]  

Dommages aux propriétés adjacentes et coûts pour la Ville

  • 14 plaintes de citoyens (2016-2020)
  • 8 demandes de réclamation par des citoyens totalisant plus de 35 000$ (2016-2020)
  • Plus de 50 000$ déboursés par la Ville dans les 5 dernières années (exclos, protection des végétaux, affiches)
 

Activités de contrôle déployées par la Ville depuis 2009

  • Conférences éducatives au parc Michel-Chartrand sur le cerf et ses impacts
  • Activités de sensibilisation par des agents de protection de la faune (MFFP) et des policiers à vélo pour informer les visiteurs des conséquences du nourrissage artificiel
  • Étude d’impact du brout sur la forêt du parc Michel-Chartrand
  • Amélioration de la signalisation routière aux abords du parc
  • Construction d’exclos
  • Protection des végétaux
  • Chasse permise dans le boisé du Tremblay (depuis 2003)