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Tempête de neige : un Constantin prisonnier dans sa voiture durant 13 heures

le mercredi 15 mars 2017
Modifié à 0 h 00 min le 15 mars 2017
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

L’organiste de la chorale paroissiale de Saint-Constant, David Savoy, fait partie des nombreux automobilistes qui se sont retrouvés piégés dans leur véhicule à la suite de la tempête de neige qui s’est abattue sur le Québec le 14 mars.

Alors qu’il a quitté son travail d’enseignant à Sainte-Dorothée à 18h30 ce soir-là, le Constantin est arrivé chez lui à 7h le lendemain. Il a passé 13 heures seul dans sa voiture, dont presque six heures complètement immobilisé à 200 m après la sortie de l’autoroute 520. «Juste pour traverser le pont de Laval, ça m’a pris une bonne heure. À minuit et demi, je ne pouvais plus avancer», explique-t-il. Bloqué parmi les véhicules répartis sur trois voies, M. Savoy faisait comme les autres automobilistes. Toutes les heures, il sortait de son véhicule pour déglacer ses essuie-glaces en raison de la neige qui s’accumulait. Il dit avoir été témoin de gestes de solidarité durant cette mésaventure. «Devant moi, un couple qui n’avait plus d’essence vers 3h dans la nuit est allé se réchauffer à l’intérieur d’un camion de livraison», raconte-t-il. Panique M. Savoy a un pied dans le plâtre, puisqu’il s’est déchiré le talon d’Achille la semaine passée. En dépit de la douleur, il a refusé de prendre sa prescription de morphine afin de rester alerte sur la route. Le Constantin a vécu un moment d’angoisse. De nouveau immobilisé vers 23h30, il a communiqué en vain avec le 911. «Je suis resté sur la ligne durant cinq minutes et personne ne m’a répondu. C’était l’effet de prison. Il n’y avait personne pour nous aider. Ça m’a vraiment fait paniquer. Je suis sorti pour prendre l’air. Une dame est venue en me voyant sortir de ma voiture sur une patte. Elle m’a réconforté», confie-t-il. Essence et libéré De 18h30 jusqu’à 3h, le musicien a laissé tourner son moteur de peur que celui-ci refuse de redémarrer en raison du froid. Quand il a réalisé que son réservoir était rendu à moitié, il arrêté son véhicule. «On ne savait pas combien de temps cela allait durer», souligne-t-il. En guise de souper, il a mangé des barres tendres qui traînaient dans sa voiture. Ironie du sort, M. Savoy a essayé de se tenir informé de la situation par le biais d’un patrouilleur de la Sûreté du Québec, dont la voiture s’est retrouvée coincée dans un banc de neige à proximité de la sienne. Malheureusement, l’agent semblait ignorer tout autant que lui le chaos qui régnait alors. À 6h15, alors qu’il dormait dans son véhicule, un pompier a cogné à sa vitre pour lui dire que des déneigeuses étaient à l’œuvre. M. Savoy s’est enfin senti libéré. «J’ai pu me rendre par la suite à Saint-Constant en une quarantaine de minutes», poursuit-il. Au moment de l’entrevue le 15 mars en matinée, David Savoy n’avait pas encore dormi. «Je suis encore sur le hight. C’était une nuit assez stressante. D’heure en heure, on voyait la neige monter. Je vais regarder un peu la télé et aller dormir par la suite», dit-il. Il a souligné qu’en de pareilles circonstances, il conseille aux automobilistes d’aller à la rencontre des autres conducteurs pour demander de l’aide.   Autre témoignage Robert St-Jules, autre résident de Saint-Constant, s’est aussi retrouvé bloqué sur l’autoroute 13. Il exige le départ de Martin Coiteux et Laurent Lessard, respectivement ministres de la Sécurité publique et des Transports. «J’estime avoir le droit de réclamer leur congédiement. Ils ne sont pas à leur place. Je demande aussi le congédiement du directeur de la police provinciale», a-t-il dénoncé. Tout au long de «cette mauvaise expérience», pour rependre ses termes, Robert St-Jules déplore l’absence de secours. «J’ai quitté Saint-Constant vers 22h15 pour chercher ma conjointe qui travaille à Saint-Laurent. J’y suis arrivé vers 4h15 du matin. Nous avons été de retour à la maison vers 5h. En temps normal, je mets une heure pour l’aller-retour», dénonce-t-il. En se rendant à Montréal, M. St-Jules n’a eu d’autre choix que d’aboutir sur l’autoroute 13 nord. Même s’il ne s’agit pas de la voie sud où 300 voitures ont été bloquées, il a tout de même dû s’immobiliser. «Mon attente sur la 13, à la hauteur de l’embranchement de la 40 a duré entre 1h et 3h30 de la nuit», mentionne-t-il.