Opinion

Un déguisement marquant

le jeudi 03 novembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 03 novembre 2016
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Voici le billet du 26 octobre 2016 d'Hélène Gingras.

Et si j'avais plus de points en commun que je le pense avec mon père?

Depuis quelques jours, j’essaie de me rappeler quel a été mon déguisement préféré. Il y a bien eu la fois où je me suis costumée en dé géant à un party. Mais ça ne compte pas; j'étais adolescente et je ne passais plus l'Halloween. 

Quand j’étais petite, on n’achetait pas de costumes. Il n'en était pas question pour mes parents. On fouillait dans un garde-robe ou on laissait aller notre imagination pour trouver quoi mettre. Tombant sur des accessoires ou des morceaux de vêtements inspirants. 

Une année, j'avais mis l'habit de facteur de mon père. Une trop grande chemise bleu ciel. Ma mère m'avait sûrement ajusté un de ses pantalons. Je n’ai jamais oublié ce déguisement. À cause de l'énorme sac de poste. Parfait pour y mettre des bonbons. Et ça m’avait attiré des éloges. Cette année-là, je n'avais pas eu à traîner une taie d'oreiller comme c'était la mode. Pour une fois, mon déguisement était autosuffisant. Rien pour le gâcher. 

L’année suivante, ma sœur avait opté pour le même accoutrement. À moins que c’était l’année précédente.

Ces souvenirs sont remontés alors que je prenais ma traditionnelle marche, lundi soir. Celle qui précède l'écriture de cette colonne. Question de m'éclaircir les idées. D'évacuer ma journée. J'ai souri en pensant que je marchais pour garder la forme. Un peu comme mon père l'a fait toute sa vie. À la différence qu'il le faisait pour gagner son pain.

J'arrivais justement d'aller prendre mon courrier à la boîte postale. Et j'avais les doigts gelés. Comme lui en hiver. Des doigts gercés par le froid. Coupés parfois par une feuille ou une enveloppe. Indispensables pour livrer le courrier. Tout comme ils me sont essentiels pour taper sur le clavier. 

Mon père aurait fait un bon journaliste, je n'en doute pas une seconde. Parce qu'il était toujours au courant de la dernière nouvelle, du fait divers. Qu'il était curieux et plein de contacts. Il l'est encore d'ailleurs. Il n'est pas rare qu'il m'appelle pour savoir ce qui s'est passé à tel ou tel endroit. Et si je n’avais que suivi ses traces?