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Un psy n'est pas un luxe

le mercredi 30 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 30 septembre 2015

Avec des compressions de 600 millions de dollars dans le secteur de la santé et une baisse salariale pour les psychologues depuis le 1er avril dernier, 2015 s’annonce une année horrible pour les services psychologiques au Québec.

Pourtant, les dernières années ont déjà été le théâtre de plusieurs compressions budgétaires, et force est de constater que la qualité des services offerts en santé mentale est souvent la première touchée. Or, on sait que le budget alloué à la santé mentale n’est pas suffisant pour offrir un service adéquat à une population de plus en plus encline à souffrir de dépression et d’épuisement professionnel. Nous sommes donc surprises que le cabinet du ministre de la Santé persiste à dire que ces coupes n’affecteront pas les services aux citoyens.

En réalité, pour les services publics de santé mentale de la région, ces coupures signifient que des postes de psychologues ne seront pas comblés, que le temps d’attente (en général de six mois à un an) s’allongera, que les problématiques de santé mentale de nos clients en attente s’alourdiront…

De plus, le 1er avril dernier, le ministre de la Santé décidait de ne pas reconduire l’incitatif salarial instauré depuis quelques années pour conserver et attirer les psychologues dans le réseau public. Cet incitatif était aussi une façon de réparer l’injustice faite aux psychologues lorsque le calcul de l’équité salariale (et la mauvaise évaluation de notre profession qui en a découlé) a fait en sorte que leur salaire fut établi à un niveau en deçà de ce qu’il devrait être.

Ainsi, le 1er avril 2015, des centaines de psychologues ont vu leur salaire diminuer entre 6 et 10%. Avec des conditions de travail de moins en moins attrayantes pour les psychologues, nous risquons de nous retrouver devant une pénurie de main-d’œuvre et des services aux citoyens de moins en moins accessibles.

Il semble que le ministre de la Santé trouve que les psychologues coûtent trop cher à l’État. Nous aimerions lui rappeler que les plus grands maux occidentaux du 21e siècle sont liés, entre autres, à la maladie mentale et que celle-ci, non soignée à temps, représentera éventuellement un gouffre financier pour notre société. Dans cette optique, investir dans des salaires équitables pour les psychologues est une économie à moyen et long terme pour le gouvernement.

Nous croyons au secteur public et en la qualité des services que nous devons offrir aux citoyens. C’est pour cette raison que les psychologues du secteur public ont entrepris une série d’actions afin de décrier les décisions incohérentes d’un gouvernement qui prétend se soucier de la qualité des services offerts. Il est important pour nous de dire haut et fort: «Un psy n’est pas un luxe!»

Jacinthe Boileau, Valérie, Demers et Maude Gougeon, psychologues travaillant pour le CISSS de la Montérégie-Ouest