Actualités

Un trans se raconte

le mercredi 17 mai 2017
Modifié à 0 h 00 min le 17 mai 2017

Pendant des années, Samuel Champagne a essayé de se conformer à l’image de la jeune fille parfaite, d’agir comme celle que son père lui disait d’être. Mais le résident de La Prairie dit s’être «toujours senti à côté de la plaque». Depuis 2010, il a entamé une transition de genre qui lui donne le sentiment de réellement commencer sa vie.

Il dévoile le processus qui l’a finalement mené au bonheur dans son récit autobiographique, Trans, publié aux Éditions de Mortagne.

«Quand les filles de la maison d’édition m’ont demandé de l’écrire, je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir leur raconter. Ça m’a pris tellement de temps à m’accepter, confie l’homme de 32 ans. Mais j’avais l’occasion d’écrire quelque chose de gros. D’ajouter une nouvelle brique.»

Samuel Champagne s’est fait connaître pour ses romans destinés aux adolescents dans lesquels il aborde l’homosexualité et la transsexualité. Souvent appelé «la machine à écrire» par ses confrères, l’auteur admet qu’il a peiné à mettre sur papier son histoire.

«C’est la première fois qu’on me demandait quand j’allais terminer de l’écrire, mentionne-t-il. Ce n’est pas ton histoire quand il s’agit de fiction. Dans une autobiographie, c’est toi le personnage. Si les gens portent un jugement, ce sera à propos de tes décisions. Je n’avais pas envie de me faire juger encore plus que la façon dont je me jugeais moi-même.»

Certains passages ont été plus faciles à raconter, affirme-t-il, notamment celui concernant son enfance. Les chapitres consacrés aux nombreuses chirurgies qu’il a subies, dont une mastectomie (retrait des seins), une hystérectomie (ablation de l’utérus) et une mons resection (retrait de la peau du bas du ventre et du pubis), ont par aileurs été rédigés plus rapidement.

«C’est l’entre-deux où je devais parler des émotions que j’ai trouvé le plus difficile», dit-il.

Transidentitaire

Le Laprairien se dit transidentitaire, et non transgenre ou transexuel.

«J’ai adopté ce terme parce que ça met le focus sur le changement d’identité sociale, explique-t-il. Les gens parlent beaucoup du corps, mais on ne parle pas assez de l’émotion. Oui, je change de corps, mais pourquoi? Ils ne comprennent pas que c’est essentiel. C’est important de mettre l’accent sur l’identité, car ç’a été le plus gros changement pour moi.»

Il estime que son histoire est différente de celles que les personnes trans vivent généralement.

«On entend souvent que les personnes trans le savaient déjà dès leur jeunesse, que les femmes qui font la transition étaient extrêmement masculines. Ce n’était pas mon cas», rappelle-t-il.

Samuel Champagne n’a pas eu d’illumination. Il n’a pas vu un garçon en se disant qu’il voulait en devenir un. Il ne pense pas que le choix de jouets est un signe potentiel d’une transition. Comme il l’écrit, après avoir relaté qu’il se sentait à la fois comme une fille et un garçon, «Je ne l’ai pas su, mais je l’ai senti».  

«Ç’a été graduel. C’est une accumulation de petites choses. Tout ce qui m’est arrivé ne s’est pas connecté pour dire tout d’un coup: transsexualité! Il a fallu que je me questionne», explique-t-il.

La réflexion a été longue et, au cours du processus, la femme qu’il était a accouché à deux reprises, dont la première fois à 18 ans. Ses fils sont aujourd’hui âgés de 7 et 14 ans. Ils l’appellent simplement Sam.  

«Ça ne me dérangerait pas que mon plus vieux lise mon livre. Il sait que j’ai eu des opérations. Il a vécu la transition et ça n’a pas semblé l’affecter», affirme-t-il.

Il relate d’ailleurs le passage où il lui annonce qu’il fera une transition, lui disant qu’il sera plus heureux ainsi. Son fils lui avait répondu: «Alors, c’est cool.

«Ç’a plus affecté le plus jeune, confie l’auteur. Il ne se rappelle pas de sa maman.»

Transition complétée

Il considère que sa transition est complétée.

«Je dois déterminer avec ce que je peux vivre et ne pas vivre, ce qui est vital et secondaire. Il y a des choses qui ne me plaisent pas sur mon corps, mais tout le monde a des choses sur son corps qui l’intéressent moins», relativise-t-il.

Le Laprairien ne cache pas qu’il éprouve des regrets, à commencer par le fait qu’il aurait aimé réalisé plus tôt que la transition était la solution.

Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie

La Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie se tient le 17 mai chaque année. Elle souligne les actions de lutte menées pour les droits des personnes homosexuelles et des autres diversités sexuelles. Le thème de la campagne de cette est année est Peu importe le genre.

Ressources pour les personnes trans

Action santé travesti(e)s et transsexuel(le)s du Québec (ASTT(e)Q)

-Adresse: 300, rue Sainte-Catherine Est, Montréal
-Téléphone: 514 847-0067 poste 207
-Courriel: astteq@yahoo.ca
-Site web: http://www.astteq.org

 

Aide aux transsexuelles et transsexuels du Québec (ATQ)

-Téléphone (ligne d’écoute): 514 254-9038
-Courriel: ecoute@atq1980.org
-Site web: http://www.atq1980.org

 

Projet 10

-Adresse: 2075, rue Plessis, bureau 307, Montréal

-Téléphone: 514 989-4585 (ligne d'écoute)

-Courriel: questions@p10.qc.ca

-Site web: http://www.p10.qc.ca