Actualités

Une quarantaine de plaintes de parents contre une garderie à Sainte-Catherine

le jeudi 20 mai 2021
Modifié à 7 h 55 min le 27 mai 2021
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Depuis le changement de propriétaire à la Garderie les bouts de papier à Sainte-Catherine en février, plusieurs parents déplorent la dégradation des services, notamment en temps de pandémie. Ils disent s’inquiéter pour leurs enfants. Le ministère de la Famille confirme que 44 plaintes en ce sens ont été enregistrées au mois d’avril.

À lire aussi: Garderie les bouts de papier: une éducatrice spécialisée congédiée témoigne

Le père d’un enfant, Steve Young, dit en être à envoyer son fils de 2 ans ailleurs. La goutte qui a fait déborder le vase à ses yeux est lorsqu’un cas de COVID-19 a forcé la fermeture de l’établissement qui accueille environ 75 enfants à la fin du mois d’avril. À ce moment, il témoignait que les bulles n’étaient pas respectées, qu’il n’y avait personne à l’accueil pour le lavage des mains et que les éducatrices devaient se charger elles-mêmes du nettoyage. «La santé, c’est ce qu’on a de plus précieux. On ne peut pas niaiser avec la COVID-19», disait-il au Reflet. La Santé publique confirme le cas positif et indique que la garderie a dû fermer ses portes «afin de lui permettre de mettre en place les mesures préventives appropriées». Celle-ci a également reçu des plaintes. «Nous suivons le milieu et nous l'accompagnons dans la mise en place des mesures», assure Chantal Vallée, directrice adjointe aux communications, qui ne peut détailler les plaintes reçues par la Santé publique pour des raisons de confidentialité. Bryan St-Louis, responsable des relations de presse au ministère de la Famille, laisse savoir que parmi les plaintes reçues par l’instance gouvernementale, 32 étaient directement liées à une fermeture par la Santé publique.

«On envoie à la garderie ce qu’on a de plus précieux au monde, nos enfants.» -Steve Young

Le ministère ne peut toutefois pas intervenir dans ces situations, qui sont du ressort de la Santé publique, soutient-il. Cependant, la CNESST reconnaît être intervenue à deux reprises à ce sujet, soit le 29 avril et le 3 mai. Elle ne détaille pas la nature de ses actions.

Autres problèmes

Mis à part les manquements notés en ce qui a trait aux consignes sanitaires, une douzaine d’autres plaintes au ministère de la Famille sont en lien avec la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance (LSGEE). À cet effet, M. St-Louis indique que celles-ci concernent plusieurs éléments: «ratio, qualification, propreté des lieux, quantité de nourriture, de jouets, sécurité de la cour (module et sol, l’humidité et la constante surveillance des enfants durant la pause). Ces plaintes ont mené à une inspection de la garderie le 5 mai 2021. Une analyse sera effectuée afin d’établir les étapes subséquentes à venir dans le dossier», détaille-t-il.

Personnel

À l’apogée de la situation, fin avril, la mère d’un garçon, qui préférait ne pas être nommée, voyait la situation sous un autre angle. Elle considérait que beaucoup de parents se liguaient contre la garderie, semant un certain chaos. «Ça fait paraître les problèmes plus gros qu’ils sont. Avec la pandémie, rien ne peut être parfait. Ça crée beaucoup de stress pour les éducatrices et leur travail est exemplaire. Ça ne semble pas affecter les enfants», partageait-elle au Journal, ne cachant toutefois pas que lors de matins où il n’y avait personne à l’accueil, elle se posait des questions. M. Young ne blâmait pas non plus pas les éducatrices, qui selon lui, font tout en leur possible pour assurer le bien-être des enfants. «Je n’en veux tellement pas au personnel. Mon fils adore son éducatrice», soulignait-il.

Matin marquant

Depuis la sortie de M. Young il y a un mois, deux autres parents ont témoigné d’un matin «chaotique où au moins cinq enfants faisaient une crise [au début mai]. J’ai vu une table à langer fabriquée avec deux bibliothèques qui s’est brisée devant moi», raconte notamment une mère. «Ce que j’ai connu avant cette propriétaire, c’est une garderie pleine d’amour. C’est inquiétant», relate-t-elle. En ce qui concerne le ratio des enfants, une mère prénommée Nathalie affirme avoir observé 12 enfants pour une seule éducatrice. Celle-ci a aussi été témoin du matin où plusieurs petits pleuraient. «Il y avait beaucoup de désorganisation. Mes trois enfants sont allés à cet endroit depuis 10 ans et j’ai vraiment vu la dégradation des services», constate-t-elle. Finalement, les parents déplorent ne pas pouvoir communiquer adéquatement avec la propriétaire, Zhou Quin Mao. Le Reflet a également tenté de la joindre à plusieurs reprises, en vain.

Changements

En date du 19 mai, M. Young dit avoir remarqué des changements, dont une personne à l’accueil, mais craint que cela ne soit que temporaire, «comme de la poudre aux yeux pour montrer que ce qui doit être fait est fait en ce moment». Il ajoute qu’à ce jour, «il n’y a encore personne qui désinfecte les jouets». M. Young dénonce également des diminutions de budget qui ont affecté, entre autres, la nourriture donnée aux petits. Même son de cloche d’une mère de deux enfants de 2 et 5 ans. «Ils reviennent et ils ont faim. Ils mangent du Jell-O et du pudding. Les heures de la cuisinière ont été coupées. C’est une garderie subventionnée, alors je ne comprends pas. C’est de la négligence», affirme celle qui préfère rester anonyme par crainte de représailles. Elle ajoute qu’«il y a maintenant des visites chaque semaine et que la garderie a changé des choses, dont le respect des bulles», mais considère que «le reste, c’est important aussi d’en parler».