Opinion

Vivre avec les conséquences

le mercredi 10 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 10 juin 2015

Bonjour Madame Gingras, J’ai lu avec grand intérêt votre rubrique Les conséquences, parue le 13 mai 2015. Je suis très d’accord avec vos propos, car je vis avec une conséquence qui a ruiné ma vie en quelque sorte.

Il y a 38 ans, un chauffard, un homme complètement ivre, nous a frappés face à face avec son véhicule à Beauharnois. Après avoir dépassé deux voitures, il nous a frappés de plein fouet.

J’étais sur une route de campagne avec mon mari et mon fils. Nous revenions de faire l’épicerie un vendredi soir. Lorsque mon mari et moi avons aperçu cette voiture venant dans notre direction, mon mari s’est rangé le plus possible sur l’accotement, mais les gros bancs de neige l’ont empêché d’aller plus loin. Un violent impact est survenu.

Le visage de mon mari a subi un dur choc, car ses dents avant ont été brisées et sont entrées dans son palais. Quelle souffrance; il a pu les faire extraire seulement le lundi. Ça été un martyr pour lui.

Sous l’impact, mon fils a été projeté en avant, mais il n’a eu aucune blessure, heureusement.

Moi, j’étais enceinte à 10 jours de l’accouchement. Mon bébé est mort (une petite fille), j’ai eu la rate qui a éclaté, le foie déchiré, une luxation de la hanche, une cheville en mille miettes.

Durant toutes ces années, j’ai dû avoir un remplacement des deux genoux avec prothèses complètes et j’attends pour une prothèse de la cheville. L’arthrose a attaqué toutes ces régions blessées par le choc causé à mon corps. J’ai dû consulter médecin, chiropraticien, physiothérapeute, ostéopathe et autres toute ma vie.

J’ai maintenant 66 ans et ma mobilité est assez réduite à cause de cet inconscient qui, un jour, a conduit sa voiture alors qu’il était en état d’ébriété avancée.

Et dans tout cela, je ne parle pas des séquelles psychologiques et de la détresse qu’ont engendrées la perte de mon petit bébé et la réhabilitation après la sortie de l’hôpital.

J’ai pu m’en sortir grâce au soutien de ma famille, entre autres. Sans eux, cela aurait été encore plus difficile.

Louise Leduc,

Saint-Anicet