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«Pour certains jeunes, le pot est déjà légal» - Isabelle Dubuc, Benado

le mercredi 28 mars 2018
Modifié à 8 h 55 min le 28 mars 2018
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

L’organisme Benado suit de près le projet de loi C-45 entourant la légalisation du cannabis. Même si le cannabis n’est toujours pas légal, certains jeunes pensent le contraire et les intervenants s’assurent de remettre les pendules à l’heure. «Il y avait des mythes qui circulaient déjà, mais là, entre ce que les jeunes entendent et ce qui est réellement, il y a deux mondes, indique la coordonnatrice Isabelle Dubuc. Pour certains, la légalisation entraîne aussi une banalisation et il est important de miser encore plus sur la sensibilisation, entre autres par rapport à la loi sur le système de justice pénale pour adolescents.» Les intervenants doivent rappeler qu’à ce jour, la loi en vigueur demeure la même, malgré les discussions entourant le projet de légalisation, dit-elle. D’ailleurs, pour être en phase avec l’actualité, les intervenants ont modifié les ateliers qu’ils donnent dans les écoles pour aborder la légalisation. L’organisme de Delson a comme mission d’aider les jeunes de 12 à 17 ans en situation de décrochage scolaire à faire le point sur leurs perspectives d’avenir, à faire un retour à l’école, à intégrer le marché du travail et à renforcer leurs liens avec leur entourage. Inquiétudes «Ce qui est inquiétant, c’est que la sensibilisation et la prévention sont toujours les parents pauvres du gouvernement, estime la coordonnatrice chez Benado. On ne sait pas quels montants seront investis pour ces volets-là et c’est selon nous essentiel qu’ils soient considérés.» Elle se demande aussi si tous les acteurs seront suffisamment formés au moment où la loi entrera en vigueur. Elle pensait plus précisément aux policiers qui n’ont pas tous les outils pour détecter le cannabis au volant. À ce sujet, la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) dénonçait en septembre que seulement 80 policiers soient formés pour la détection du cannabis au volant, soit moins de 1%. «En comparaison, il y a au moins 10 fois plus d’agents-évaluateurs pour l’alcool au volant», affirmait le président de la fédération Robin Côté par voie de communiqué. Du côté de la Régie intermunicipale de police Roussillon, la direction dit « se préparer» à l’entrée en vigueur des lois fédérales et provinciales, même si elle n’en connait pas encore la portée. «Nous ne sommes effectivement pas nombreux comme agents-évaluateurs, reconnaît la police, mais des formations sont en cours et d’autres sont prévues afin d’en accroitre le nombre.» Que prévoient les Villes? «Le dossier du cannabis est en cours de réflexion à la table des maires de la MRC de Roussillon, a fait savoir Mélanie Cloutier, coordonnatrice aux communications de la MRC. Pour l’instant, il est encore trop tôt pour présenter une orientation complète à ce sujet.» Du côté des Villes couvertes par Le Reflet, la majorité entend prendre en considération les recommandations et directives qui seront émises par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) où le maire de Candiac Normand Dyotte siège comme membre du conseil d’administration. La directrice des communications de Sainte-Catherine, Amélie Hudon, précise que le dossier «est traité de manière régionale en collaboration avec la Régie intermunicipale de police de Roussillon afin d’assurer une uniformité de la réglementation à travers les Villes». Qu’est-ce que le projet de loi C-45? «La légalisation du cannabis est une promesse électorale de Justin Trudeau. En avril 2017, son gouvernement a déposé le projet de loi C-45 visant à légaliser le cannabis. Il encadrera sa production alors que les provinces, quant à elles, vont encadrer la vente, la distribution, le contrôle et la sécurité routière. Plus spécifiquement, avec cette législation, nous voulons nous assurer d’atteindre nos objectifs prioritaires: éviter la banalisation en mettant l’accent sur la prévention; assurer un transfert du marché illicite vers le marché licite; assurer la sécurité de la population, notamment des groupes plus vulnérables et encadrer la sécurité routière», explique Alexandre Lampron, attaché politique du député provincial libéral de La Prairie, Richard Merlini. À ce stade-ci, M. Lampron a fait savoir que le député n’avait pas eu de discussions avec les Villes sur le sujet. Il indique cependant avoir entendu les préoccupations de citoyens et d’organismes en lien avec la sécurité publique. «Le projet de loi étant toujours à l’étude par la Commission de la santé et des services sociaux présidée par M. Merlini, nous ne pouvons pas nous avancer quant à son contenu final ou des orientations pour l’instant», précise M. Lampron. À lire aussi: Légalisation du cannabis: Les producteurs en serre s'intéressent à la micro production

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