Après 35 ans : Jocelyne Bates quittera la vie politique

La mairesse de Sainte-Catherine, Jocelyne Bates. (Photo : Le Reflet – archives)
Après 35 ans dans la sphère politique municipale, la mairesse de Sainte-Catherine Jocelyne Bates ne sollicitera pas de nouveau mandat en vue des prochaines élections municipales le 2 novembre. Elle demeurera en poste jusqu’à ces dernières.
«Je me dis : ‘‘ça se peut-tu que j’aie passé 35 ans, je n’y crois pas’’, fait savoir Mme Bates, en entrevue téléphonique avec Le Reflet. C’est comme si je venais de commencer et qu’il y avait beaucoup de choses à faire, mais non, ça fait déjà 35 ans. Si j’ai continué pendant 35 ans, c'est parce qu’on travaillait en équipe. On était des équipes formidables pour prendre en charge la Ville de Sainte-Catherine.»
«Une collaboration énorme de la part de nos citoyens et surtout des employés hors pair pour nous aider à prendre des décisions éclairées», ajoute-t-elle.
Avant de faire le saut en politique, Jocelyne Bates n’était pas attirée par ce milieu; elle s’impliquait depuis plusieurs années dans la municipalité, notamment dans les sports et loisirs.
Jusqu’à ce qu’elle rencontre Jules et Anne-Marie Trudeau ; ces derniers l’ont encouragée à s’y lancer pour faire changer les choses.
«J’ai fait mon premier essai en 1986 et ça n’a pas passé, raconte la mairesse. Je me suis dit que la politique n’était pas faite pour moi. M. et Mme Trudeau m’ont encouragée à nouveau à faire le saut en politique, je me suis présentée comme conseillère municipale et j’ai été élue [en 1990]. Ma responsabilité était les loisirs et le développement économique.»
À l’époque où elle était conseillère, il y avait «de quoi qui ne marchait pas» dans le développement économique, croit-elle, à un tel point que le maire de l’époque avait démissionné.
C’est ainsi que Mme Bates s’est lancée à la mairie; elle a été élue en 1994, la première femme élue à la mairie de Sainte-Catherine, «pas avec une équipe complète», mais dit avoir rassemblé tout le monde à son équipe au fil des années, dont le conseiller municipal Martin Gélinas, qui était à l’opposition dans les débuts de Jocelyne Bates en tant que mairesse.
«C’est la magie du succès quand tout le monde travaille dans le même sens et que ce n’est pas de l’opposition pour de l’opposition parce que quand j’étais conseillère municipale, il y avait de l’opposition à la Ville de Sainte-Catherine : ‘‘tu ne peux pas voter pour ça, on est l’opposition, il faut voter contre’’, explique-t-elle. Je leur disais que si c’était bon pour nos citoyens, pourquoi voter contre.»
Son successeur
Jocelyne Bates dévoile qu’elle avait pensé à prendre sa retraite «un peu avant», mais elle voulait s’assurer que le conseiller municipal Sylvain Bouchard soit prêt à se lancer à la mairie de Sainte-Catherine.
«Sylvain Bouchard a les mêmes valeurs, la même conscience et les mêmes priorités que moi, laisse entendre la mairesse. Ç’a pris deux mandats pour voir ses capacités et il est prêt à faire le saut.»
Elle révèle que M. Bouchard aura sa propre équipe, dont quatre candidats de l’équipe de Mme Bates.
Le parc Francis-Xavier-Fontaine, à Sainte-Catherine, est l’une des réalisations marquantes pour Jocelyne Bates. (Photo : Le Reflet – archives)
Le parc Francis-Xavier-Fontaine, un parc adapté aux personnes à mobilité réduite dans la municipalité, le RécréoParc, la bibliothèque et la fusion de services avec d’autres municipalités aux alentours sont parmi les réalisations dont Mme Bates est le plus fière.
Questionnée sur sa plus grande déception ou un projet qu’elle aurait aimé faire, Jocelyne Bates répond le dossier de la route 132, qui, selon elle, fait une «cicatrice» entre Sainte-Catherine et Saint-Constant.
«C’est sûr que c’est une compétence du ministère des Transports de la Mobilité durable, mais on aimerait que la 132 devienne un boulevard urbain et sécuritaire, avec un trottoir, pour circuler à pied d’un bord et de l’autre. Au moins, avec M. Dubé et Mme Fréchette, ce projet a été remis au PQI. On ne peut pas emprunter la route 132 à pied pour aller dans les commerces.»
Jocelyne Bates indique le dossier sur la route 132 est sa plus grande déception. (Photo : Le Reflet – archives)
Changement dans la politique
Jocelyne Bates indique que les façons de faire et la manière de penser ont changé au fil des années dans la politique.
Elle indique qu’il devrait y avoir une «plus grande» collaboration des différents gouvernements.
«Il faut que les gouvernements prennent le pouls des élus municipaux avant de prendre des décisions sur des lois», s’exprime Mme Bates.
Dans les relations avec les autres homologues d’autres villes voisines, Jocelyne Bates mentionne que ça n’a pas toujours été «câlins-câlins», mais qu’ils se ralliaient «quand la logique» était présente.
«C’est de trouver des solutions qui plaisent autant à leurs citoyens qu’à nos citoyens, spécifie-t-elle. C’est quoi ma mission : offrir des services aux citoyens. On a besoin aujourd’hui d’échanger et partager des services avec d’autres municipalités. On est égal à égal.»
Jocelyne Bates souligne le fait qu’il y ait davantage de femmes dans la politique ; elle raconte qu’à ses débuts, ce n’était pas «facile de faire sa place» et qu’elle trouvait cela «intimidant».
Elle précise toutefois l’importance d’avoir une parité hommes-femmes dans la politique.
«Je dis toujours qu’on a besoin d’hommes, non seulement dans la politique, mais les femmes ne pensent pas et ne réagissent pas de la même façon, affirme-t-elle. Donne-moi pas la place parce que je suis une femme, mais parce que je la mérite. Il faut faire des efforts par conséquent.»
Questionnée sur le taux de taxes décrié à Sainte-Catherine, Mme Bates estime qu’elles n’étaient pas plus élevées que celles d’autres municipalités et que la Ville «va aussi avec la richesse foncière».
«Quand tu n’as pas la possibilité de développer plus qu’il faut, pendant que nos villes voisines se développent, c’est certain que plus il reste de richesse foncière dans une municipalité, plus tu es capable d’alléger le fardeau fiscal, sans diminuer dans les services», explique-t-elle.
«Quand tu n’as pas de développements qui se font, quand tu n’avances pas et puis que tu veux continuer de donner les mêmes services, bien tu n’as pas le choix, ajoute-t-elle. Est-ce que je vais couper dans les loisirs, bien je ne pense pas que les gens seront heureux. Quand j’ai un budget à orchestrer, j’ai des dossiers comme le service de police qui augmente continuellement, par rapport aux obligations de gouvernements. On ne peut pas couper dans les déchets et l’eau potable.»
La politique ne se perd pas
La mairesse informe qu’elle suivra les prochaines élections municipales à Sainte-Catherine ; elle a hâte de voir le résultat, mais pas du fait que cette étape marquera la fin de sa carrière politique.
«Ça va me faire de la peine parce que ça va être fini pour moi, avoue-t-elle. Je suis énormément active en politique et du jour au lendemain, ça va faire différent. Ça va me manquer le challenge de créer des projets. On peut prendre l’exemple de l’ouvrage du Complexe sportif et on est allé chercher une ville voisine. Ça fait depuis 2015 que je travaille là-dessus et j’ai réussi 10 ans plus tard.»
Même à la retraite, elle portera une attention sur la politique de Sainte-Catherine pour s’assurer que les employés «hors pairs» de la Ville continuent d’aimer travailler à Sainte-Catherine.
«Merci à ma famille de m’avoir libérée pour pouvoir faire ce que j’ai pu faire pour ma ville», conclut-elle.