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Atteinte d'un cancer incurable, Isabelle Pomerleau livre deux batailles

le mercredi 09 décembre 2020
Modifié à 15 h 55 min le 11 décembre 2020
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

La Constantine Isabelle Pomerleau mène de grandes batailles depuis juillet. Alors qu’elle a appris en pleine pandémie mondiale qu’elle était atteinte d’un cancer incurable, la femme de 51 ans revendique le droit d’être accompagnée de son mari pour ses traitements en oncologie. À lire aussi: « Mes journées sont comptées et précieuses » – Isabelle Pomerleau Les explications du ministre de la Santé ne suffisent pas à Isabelle Pomerleau «Je ne peux pas croire que je vais être obligée de vivre les moments les plus difficiles de ma vie sans quelqu’un à mes côtés qui tient ma main», écrivait Mme Pomerleau dans un premier cri du cœur publié sur sa page Facebook, le 30 août, après ce qui devait être un rendez-vous de routine. «Je suis partie de l’hôpital épuisée, relate-t-elle au Reflet. Je suis arrivée le matin à 8h et je suis partie à 14h. Je n’avais pas diné. J’avais un caillot. Rien n’allait bien et j’étais seule pour vivre ça. Il y a eu un débordement.» Ce débordement aidera peut-être à faire changer les choses. Depuis cette publication qui a été partagée plus de 3 200 fois, l’histoire d’Isabelle Pomerleau est racontée dans les médias. Son nom a aussi été mentionné à deux reprises à l’Assemblée nationale, alors qu’elle et un ami ont contacté des candidats de l’opposition pour faire bouger les choses. [caption id="attachment_100438" align="alignright" width="236"] Isabelle Pomerleau et son mari, Alain Gingras. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)[/caption] «On est soutenus par la Société canadienne du cancer, la Fondation québécoise du cancer et le Conseil pour la protection des malades», énumère-t-elle. Changer les choses En raison de la pandémie, l’accès au secteur de l’oncologie de l’Hôpital Anna-Laberge, où Mme Pomerleau reçoit ses traitements de chimiothérapie, est limité aux usagers, au personnel et aux professionnels. Les patients ne peuvent être accompagnés que lors de leur premier traitement, car «plusieurs informations sont partagées avec le patient», indique la conseillère cadre aux communications du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest, Jade St-Jean, lorsque questionnée sur les règlements actuels. «Puisque les patients qui reçoivent des traitements en oncologie sont immunosupprimés, tous les efforts sont mis afin que les secteurs de la cancérologie, tant en clinique externe qu’en unités de soins, demeurent des zones froides», précise-t-elle. Isabelle Pomerleau considère qu’elle ne demande pas la lune. «Je ne veux pas amener 50 personnes différentes; seulement mon conjoint, avec qui je dors et qui a mes microbes. En principe, s’il est malade, je suis malade», fait valoir celle qui est infirmière depuis 30 ans à l’Hôpital Anna-Laberge. Des collègues la visitent d’ailleurs lors de ses traitements. Elle apprécie cette attention, car ce n’est pas tout le monde qui a cette chance. «J’entends des histoires de gens âgés, seuls sur une civière, qui se font annoncer qu’ils ont un cancer et qui ne comprennent pas la moitié de ce qu’il se passe», déplore-t-elle.
«C’est une lutte qui est devenue beaucoup plus grande que moi.» -Isabelle Pomerleau
Détresse La Fondation québécoise du cancer dévoile que le nombre de demandes aux psychologues a augmenté de 263% entre 2019 et 2020. De plus, le nombre de proches qui appellent la Ligne info-cancer a connu une hausse de 32%. Du 15 mars au 23 octobre, environ 80% de ces appels étaient reliés à la difficulté de rencontrer un médecin, l’inconfort à poser des questions lors d’un rendez-vous téléphonique et l’inquiétude de voir les traitements ou chirurgies être reportés. L’isolement et la peur de mourir seul étaient également des craintes souvent mentionnées. «Nous avons constaté une grande détresse émotionnelle et psychologique liée à la distanciation sociale, aussi bien pour les personnes atteintes d’un cancer qui sont isolées, que pour les proches qui souffrent de ne pas pouvoir être près de la personne atteinte pour la soutenir», mentionne l’infirmière expérimentée en oncologie à la Fondation, Huguette Loubier.