Opinion

Au Québec, aucun arbre n’est coupé pour fabriquer des circulaires

le jeudi 04 février 2021
Modifié à 18 h 24 min le 03 février 2021
Nous tenons à réagir aux propos que Martin Matte a tenus lors de l’émission de Tout le monde en parle (TLMEP) le 24 janvier dernier. Dans une portion de l’entrevue, M. Matte aborde sa récente publicité de Maxi, qui a décidé de ne plus imprimer sa circulaire, en expliquant que l’entreprise lui avait dit que «ça n’a pas de sens de couper des arbres» pour imprimer des centaines de milliers de circulaires. Il ajoute: «j’espère que dans cinq ans, on va dire que je peux pas croire qu’on imprimait puis qu’on abattait des arbres pour faire des circulaires». Comprenons-nous bien, M. Matte a tous les droits de s’exprimer sur les sujets de son choix et notamment contre l’utilisation du papier pour les circulaires. Cependant, ce qui nous pousse à déplorer cette prise de position est qu’il la justifie par une fausseté. Car rien n’est plus faux que de dire qu’on coupe des arbres pour produire des circulaires. La réalité est qu’il ne se coupe AUCUN arbre pour la production de papier journal (qui sert aux circulaires). Parlez-en aux travailleuses et travailleurs des usines de Dolbeau ou de Gatineau, qui sont représentés par notre syndicat, ils pourront vous le dire. Le papier journal produit dans les usines est fait à partir des résidus de bois engendrés par l’industrie du sciage (production du bois d’œuvre). Plaidoyer pour les circulaires Qui plus est, le taux de récupération des circulaires est de 86 %. Ce papier recyclé entre ensuite dans la fabrication de papier tissu (papier de toilette, mouchoir, essuie-tout) et de carton notamment. En fait, les usines qui fabriquent ces produits recyclés devraient s’alimenter sur des marchés extérieurs si les circulaires n’existaient plus. Nous aimerions aussi souligner que les circulaires font vivre bien des familles et des communautés dont certaines sont situées en région. Unifor à lui seul représente quelques centaines de membres dans les exploitations forestières, les scieries et les papetières dont les emplois sont entièrement ou partiellement liés aux circulaires. Si l’on ajoute la production, l’impression et la distribution des publisacs, il est question de 4500 emplois supplémentaires. Et que dire de la clientèle des supermarchés qui ne bénéficient pas d’un appareil électronique leur donnant accès aux circulaires en ligne? Que penser des études qui se multiplient sur l’impact environnemental des appareils numériques qui n’est pas nul contrairement à ce que plusieurs pensent? Mais il s’agit là d’autres débats. Pour l’heure, nous tenions à corriger l’information. En espérant que la présente lettre aura le mérite d’informer ses destinataires et la population sur la réelle composition du papier utilisé pour les circulaires. Renaud Gagné Directeur québécois du syndicat UNIFOR