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Le bébé de la dernière chance

le mercredi 09 mai 2018
Modifié à 8 h 43 min le 09 mai 2018
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Avec le diagnostic de ménopause précoce qu’à reçu sa conjointe à 40 ans, Sylvain Allard pensait bien devoir faire le deuil de la paternité. Après trois essais infructueux en clinique de fertilité, on a même dit à Line Champigny: «À moins d’un miracle, vous n’aurez pas d’autre bébé.» Déterminés, elle et son mari ont tenté un ultime recours en faisant venir des ovules d’Espagne et le miracle s’est produit. Quand le couple a discuté du projet bébé, il ne pensait pas vivre de difficultés, puisque Mme Champigny avait déjà une fille issue d’une union précédente. «Au début, quand on a vu que ça ne fonctionnait pas, Sylvain me disait que je stressais trop, d’arrêter d’y penser, indique la Candiacoise. Mais les années passaient et le temps jouait contre nous, alors nous sommes allés consulter.» La mère a très mal reçu le diagnostic de ménopause précoce et ne voulait pas y croire. En clinique de fertilité, on lui a dit que sa réserve ovarienne était «finie», mais qu’en la stimulant un peu, la production reprendrait peut-être. «Tout ce processus a été assez difficile émotionnellement, confie le papa. Je voyais ma femme dans tous ses états et, un moment donné, elle m’a même dit de la laisser pour aller fonder une famille avec une femme qui pourrait me donner des enfants. Il n’en était pas question!» Après ce long chemin de croix, le couple était désappointé, mais pas au bout de ses ressources. En naviguant sur le web, Line Champigny a trouvé un groupe de recherche en fertilité à l’Université de Montréal et a pris contact avec ces spécialistes. Don d’ovules Grâce à ce groupe de recherche, le couple a pu évaluer toutes les options qui s’offraient à lui, dont le don d’ovules. Comme il n’existe pas de banque d’ovules au Canada, les amoureux pouvaient trouver une donneuse dans leur entourage ou ailleurs. Sinon, ils devaient faire affaire avec une banque à l’étranger. «On l’a demandé à trois personnes, mais c’est un sujet très délicat et méconnu. Les filles pensent qu’elles te donnent leur bébé, alors que ce n’est pas ça. Oui, l’enfant va être conçu avec une partie de leur ADN, mais aussi avec celle du conjoint et de la femme qui le porte. C’est un mélange à trois», explique la maman.
«Quand on voit son sourire, on ne doute pas une seconde que ç’aura été la plus belle aventure de notre vie.» -Line Champigny, maman de Marie-Laurence
Après réflexion, le couple a finalement jugé qu’il était mieux de se tourner vers une banque qui garantirait l’anonymat de la donneuse et des futurs parents. Une avenue qui n’a pas été choisie dans le but de cacher cette réalité à leur enfant, précisent-ils. Une clinique d’Espagne a ainsi trouvé une donneuse de 22 ans dont les traits et la couleur de cheveux s’apparentaient à Mme Champigny et a envoyé un lot d’ovules à Montréal. Cette aventure leur aura coûté près de 20 000$. «On a tout misé là-dessus en se disant qu’après, si ça ne fonctionnait pas, on aurait tout essayé», dit M. Allard. Une petite fille Le petit trésor tant attendu s’est finalement pointé le bout du nez le 15 février 2017. Après l’accouchement, Mme Champigny a quand même eu des doutes. «Va-t-elle me reconnaître? Va-t-elle savoir que je suis sa mère?» s’est-elle demandée. Des angoisses qui se sont bien vite dissipées. Une chose est sûre, la présence de Marie-Laurence comble toute la famille de bonheur. «J’ai eu ma première fille à 27 ans. Pour elle aussi, le processus n’a pas toujours été facile, mais Marie-Laurence, c’est notre cadeau à nous tous», affirme Mme Champigny, des étoiles dans les yeux. [caption id="attachment_41088" align="alignnone" width="521"] Laurianne et sa petite sœur.[/caption]