Opinion

Billet d'humeur : À cause du français, genre

le lundi 28 mai 2018
Modifié à 11 h 45 min le 28 mai 2018
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Laid, lait, les, galet, balai, est, es, haie, aie, neige, terre, père, anglais. Qu’ont en commun ces 13 mots? Ils contiennent tous le son «è». Mais écrit de façons différentes. C’est la même chose pour les sons «o», «u», «é», et j’en passe. Un des facteurs majeurs qui expliquent, à mon humble avis, l’écart du taux de diplomation entre les élèves québécois et le reste du Canada qui a fait couler des fleuves d’encre ces derniers jours, c’est ça. Les écoliers Québécois ne sont pas plus nuls que le reste du pays. Notre système d’éducation n’est pas plus pourri. C’est la langue d’enseignement qui fait la différence. Le français est hyper compliqué. Inutilement. Son apprentissage exige des ressources neuronales phénoménales. Absorber et garder en mémoire toutes ces façons d’écrire les sons constituent un grand défi auquel s’additionnent la rétention d’une panoplie de règles grammaticales truffées d’exceptions. Et les genres. En français, les choses ont des ovaires ou des testicules imaginaires. Comme il n’est pas possible de déterminer le sexe d’une table en jetant un œil discret entre ses pattes, il faut miser sur le par cœur. Ça prend du temps et de la place dans le coco mémoriser le sexe de 50 000 objets. En anglais, on n’a pas à consacrer d’énergie à ces distinctions, ni à composer avec 10 000 manières d’écrire les sons. L’élève québécois francophone bûche davantage que son voisin anglophone de l’Ontario pour assimiler sa langue maternelle. Pendant que celui-ci se demande s’il faut écrire baril ou bariz ou bari ou barit ou barie celui-là consacre son talent à d’autres matières. Le niveau de difficulté du français favorise les échecs, particulièrement chez les garçons qui préfèrent l’action à la mémorisation. Et quand tu échoues, tu décroches. La clé pour améliorer le taux de réussite des élèves du Québec ? C’est simple : simplifier la langue française. L’exercice a été entamé avec la nouvelle orthographe. Il faut aller plus loin. À chaque son symbole, à bas les complications!

«Les écoliers Québécois ne sont pas plus nuls que le reste du pays. Notre système d’éducation n’est pas plus pourri. C’est la langue d’enseignement qui fait la différence. Le français est hyper compliqué. Inutilement.»