Opinion

Billet d'humeur : Ça y est, je suis vieille !

le mercredi 04 novembre 2020
Modifié à 17 h 05 min le 03 novembre 2020
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Quel âge vous donnez-vous? Pas celle des années depuis votre naissance. Plutôt l’âge que vous avez le sentiment d’avoir. Formulez-vous des réflexions qui donnent l’impression que vous vivez à un endroit reculé par le tonnerre? Ou, au contraire, avez-vous généralement le sentiment que vous êtes avant-gardistes? Que vous suivez les autres? Comprendre ici les plus jeunes. Les générations qui vous succèdent. Bref, vous sentez-vous de votre époque? À cette question, je serais portée à répondre oui. La plupart du temps. Je m’adapte généralement. À l’utilisation des nouvelles technologies nécessaires à mon travail. Plus que par plaisir personnel. Il me faut parfois une petite période d’adaptation. De familiarisation, je dirais. J’ai toujours pensé que je ne serais plus de mon temps si je commençais à radoter. Que je ne comprenais plus le monde – ou les jeunes – dans lequel on vit. À toujours répéter que «dans mon temps», ça ne se serait pas passé ainsi. Je serais alors vieille.
«Vieillir, c’est aussi savoir combien de choses peut emporter le vent.» -Pierre Reverdy
Voilà. Ça y est, je crois avoir atteint ce point de non-retour. En regardant la télé l’autre soir. On y suivait le parcours d’un nouveau conducteur à peine majeur. Contestant en cour une contravention pour excès de vitesse de 150 km/h. Alors qu’il avait été capté par un policier muni d’un radar. Son avocat a bien joué son rôle. Limitant l’amende à une vitesse de 145 km/h. Et l’ajout de trois points d’inaptitude au dossier du jeune conducteur. L’histoire ne le disait pas, mais il m’est permis de croire que ça faisait toute la différence pour lui. Entre conserver son permis ou non. Aux côtés du jeune homme, sa mère le soutenait. Ouvertement. Sans gêne. Si telle mésaventure m’était arrivée peu après l’obtention de mon permis de conduire, à 17 ans, j’aurais passé un très mauvais quart d’heure. Mes parents ne m’auraient pas permis de contester la justice. Au contraire, ils m’auraient obligée à répondre de mes actes. Ils m’auraient aussi sans doute privée de l’auto familiale pendant des semaines. Peut-être même à tout jamais. Voir si on conduit aussi rapidement sur les routes! La contestation judiciaire n’est peut-être pas entièrement de la faute du jeune conducteur. Mais de ses parents. Et de la société. Qui permet de contester tout et rien. Au nom de libertés individuelles. J’en porte sûrement une part de blâme également. N’empêche que, dans mon temps, ça ne se passait pas de même.