Opinion

Billet d'humeur : Cohabitation difficile

le mercredi 27 juin 2018
Modifié à 11 h 09 min le 27 juin 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Faut-il donner son accord pour vivre ensemble? Chère mouffette. Je ne t’ai pas donné l’autorisation de venir squatter sous mon cabanon. Remarque que je ne t’ai pas empêchée non plus. Quand j’ai relevé le cabanon il y a deux ans, j’ai mis du grillage derrière seulement. Et toi, tu as fait un trou sur le côté. Tu as repris le logement vacant d’une marmotte. J’ai bien essayé de te chasser à l’automne dernier. Sans vouloir te faire mal. Notamment avec un produit répulsif vendu à la quincaillerie. Recommandé par des collègues de travail. Tout l’hiver, je me suis rendue devant ton trou plusieurs fois pour déposer un peu nerveusement le mélange. J’ai eu l’impression par moments que ça avait fonctionné. Que tu allais vivre ailleurs. C’est justement une partie du problème. Tu séjournes ici et là. Tu traînes dans le coin. Je le sais à l’odeur, de temps à autre. Puis aux trous creusés dans le gazon ce printemps sur mon terrain avant. Tu cherchais des vers blancs hein? J’ai vu aussi qu’il y en avait quelques-uns en arrachant des mauvaises herbes. Heureusement, tu n’as pas saccagé tout le gazon. Contrairement à ce que j’ai déjà vu. Dimanche, j’ai senti ta fragrance quand je suis allée derrière le cabanon.
«La cohabitation n’est pas un bon système dans la durée.» -Lionel Jopsin dans Le temps de répondre
Au début du printemps, Charlie, le chien du voisin, t’a croisée bien malgré lui derrière le cabanon de ses maîtres. Aux petites heures du matin. Tu ne l’as pas manqué lorsque tu l’as aspergé. Isabelle a dû le passer sous la douche. Malgré le temps qui a passé depuis, sa tête sent encore un peu ton parfum. Tu sais, ce n’est pas que je ne t’aime pas. Il paraît que tu es aussi douce qu’un chat. Mais je te crains. Tu as une arme de plus que la marmotte et que le lapin qui a tant mangé mes clématites et autres plants par le passé. Et ceux qui disent qu’il faut cohabiter avec les animaux sauvages n’ont jamais fait de face-à-face avec toi. Je n’ai pas envie de te croiser après une balade de vélo. Ou en allant chercher une bûche derrière le cabanon. Je n’ai pas plus envie qu’un de mes proches ou mes locataires goûtent à ta médecine. C’est donc sur ma «To do list» de fermer l’accès à ton loft lorsque j’aurais la certitude que tu ne seras pas tapie sous le cabanon.