Opinion

Billet d'humeur : Fais-mieux si tu peux

le vendredi 09 septembre 2022
Modifié à 8 h 12 min le 09 septembre 2022
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

On peut discuter sans se sauter à la gorge. La remarque est aussi vraie surtout sur les réseaux sociaux. (Photo: Depositphotos)

En avez-vous parfois ras-le-bol des gens qui chialent?

Une de mes tantes a travaillé pour une administration municipale quand j’étais petite. J’étais impressionnée de savoir qu’elle côtoyait le maire de la ville pratiquement chaque jour. Dans ma tête de petite fille, c’était quelqu’un non seulement d’important, mais de pratiquement inaccessible. Alors, qu’elle ait la chance de lui parler relevait de l’exploit pour moi.

Plus tard dans ma carrière, j’ai eu l’occasion à quelques reprises d’interviewer le maire de cette Ville. Puis, d’autres également. Ma nervosité des premières fois s’est vite estompée. Je n’étais plus une petite fille impressionnable non plus. Et j’avais un travail à faire. Une distance s’est imposée naturellement.

N'empêche que je suis restée fidèle aux valeurs que mes parents m’ont inculquées, soit la politesse et le respect. Les bancs d’école et la vie ont fait le reste.

On ne peut pas être toujours d’accord avec les autres. Ce n’est même pas souhaitable en plusieurs circonstances si on veut pouvoir se forger sa propre opinion. Et c’est en échangeant avec quelqu’un qui est d’avis contraire qu’on est poussé à étoffer sa pensée.

Du désaccord peut naitre une plus grande réflexion personnelle. Le plus difficile, je l’avoue, est de demeurer dans une zone d’écoute et de respect. Parce que c’est dans ce temps-là qu’on risque le plus de s’emporter ou de voir rouge. Par la même occasion, on devient moins perméable à la discussion. On se braque plutôt que de céder des points.

«Se plaindre de sentir des ennuis et des peines, c’est se plaindre d’être un homme et non arbre ou rocher.»

-Jean Bertaut

Il est là l’envers des médias sociaux, à mon avis. La faible majorité de la population qui s’exprime dit publiquement ce qu’elle pense – trop souvent sans filtre – et sans la moindre envie d’être challengée. Sinon, elle saute tout de suite à la gorge de l’autre.

Désormais, certains ne prennent même plus la peine d’évoquer des arguments avant de s’exprimer. Pas étonnant que ça dépasse les bornes et qu’il en résulte des dérapages. Et que le climat social soit si sombre en ce moment.

Je n’ai jamais oublié cette phrase prononcée par un directeur d’école que j’avais rencontré. Qui disait à tous ses professeurs qu’il était toujours ouvert à entendre leurs critiques, à condition qu’ils arrivent avec une solution.

Combien de citoyens chiâlent sans jamais proposer autre chose ou s’engager à faire mieux? Il est là le problème.