Billet d'humeur : Le don de soi

Saviez-vous que c’était la Semaine nationale des proches aidants du 1er au 7 novembre? C’est l’histoire de Rita. Mais ça pourrait être celle de Carole. De Lyne. De Robert. C’est celle de ces gens qui prennent soin d’un proche à temps plein. De leur épouse. De leurs parents. De leur tante ou de leur fils. Sans relâche. Pourtant, on a promis du répit à Rita. Depuis 4 ans. Une pause qui ne vient pas. Son mari est sur une liste d’attente pour fréquenter un centre de jour. À raison d’une fois par semaine. Pour lui permettre de souffler un peu. Pour qu’elle puisse vivre une journée à son propre rythme. Sans avoir à combler des besoins externes. Autre que les siens. Mais aussi pour permettre à son mari de socialiser de nouveau. De sortir de son quotidien. De temps à autre, comme pour les rassurer faussement, on leur répète, que son mari est toujours sur la liste d’attente. À l’heure pourtant où que le gouvernement dit favoriser le maintien à domicile. Dans les faits. C’est enrageant. Il y a bien une préposée du CLSC qui vient deux fois par semaine donner le bain à son mari. Dont le corps est au bout du rouleau. Qui ne peut plus marcher seul. Dont la résilience, à ce niveau, est renversante. Rita compte aussi sur ses enfants. Qui leur rendent visite. Offrant un coup de main trop ponctuel. Changeant une ampoule brûlée par ici. Rétablissant les postes de télé disparus. Coupant les cheveux de leur père. Mais dont les visites sont trop courtes. COVID-19 oblige. Les soupers de famille qui font le bonheur de Rita n’ont pas eu lieu depuis des lustres. Pour lui permettre de se changer les idées. C’est l’histoire de Rita. Aux prises avec des responsabilités pour deux. Une somme de petites tâches. Interminables lorsque mises bout à bout. Cette tranquillité d’esprit des siens s’achète au prix du don de soi. De l’engagement. De l’amour. De la responsabilité.

«Le don de soi est un achèvement.» -Rainer Maria Rilke

À plus de 80 ans bien sonnés, Rita est devenue infirmière. Cuisinière. Conductrice aux rendez-vous médicaux. Préposée aux bénéficiaires. Femme de chambre. Ce, 24 heures par jour. Sept jours sur sept. Sans aucun salaire. Ni avantages sociaux. C’est l’histoire trop peu connue et valorisée de milliers de gens. Qui jouent le rôle d’un aidant naturel. Au quotidien. Ce, sans porter le titre d’ange gardien.