Opinion

Billet d'humeur : Sans rancune

le mercredi 10 octobre 2018
Modifié à 13 h 37 min le 10 octobre 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Êtes-vous rancunier? J’ai réalisé, l’autre jour, que ce n’est pas mon cas. Que si, à tout le moins, j’ai eu maille à partir avec quelqu’un par le passé, je ne lui en tiendrai pas rigueur. Certes, je ne me lancerai pas à son cou en le voyant, mais je suis capable de passer par-dessus. C’est particulièrement vrai dans le cadre du travail. On ne peut pas faire l’unanimité. Et avec le métier que j’exerce, je ne me suis pas fait que des amis. À tort ou à raison parfois. Quand j’écris qu’un automobiliste cause un accident par sa négligence ou rapporte qu’il a fraudé Revenu Québec, je m’attends parfois à un courriel de bêtises. À me faire engueuler. Qu’on me menace ou m’envoie une mise en demeure. Ce n’est jamais plaisant. Mais il faut faire avec. Cependant, quand je raconte une histoire légère, qui plaît à tout le monde sauf à la personne qui m’a accordé l’entrevue, parce qu’elle aurait voulu que je retranche ou j’embellisse ses propres propos, je perds un peu patience. Idem avec ceux qui veulent contrôler chaque virgule d’un article. Ou les citations de toute personne qui ne le leur est pas favorable. Le journalisme est doté de règles d’éthique claires. Qui exige une indépendance du travail. Ce n’est pas de la publicité ni du publireportage. Mon travail n’est pas non plus d’embellir la réalité ni de l’enrober.
«Ceux qui ont une propension pour la haine sont malheureux dans la vie. Ils rendent même malheureux ceux qui les entourent.» -Vasco Varoujean dans Les pâturages de la rancœur
Cet été, j’ai vécu une histoire du genre. L’interviewée a fait tout un plat d’un article assez flatteur à son endroit. Et qui en plus n’avait soulevé aucune vague négative. Bien au contraire. Néanmoins, certains passages ne lui plaisaient pas. L’affaire a pris les apparences d’une «crise». Et il a fallu des jours pour que la poussière retombe. Puis, voilà qu’elle m’a réécrit récemment. Candidement. Sur un tout autre sujet. Pour qu’on traite la nouvelle. Mon premier réflexe a été de me rappeler ce qui s’était passé plutôt cet été. Comment je suis sortie amère de toute cette histoire. Néanmoins, il se pourrait malgré tout que j’accouche d’un article prochainement. Parce que c’est d’intérêt public. La bonne nouvelle, c’est qu’elle semble être passée à autre chose, comme moi d’ailleurs. C’est encore mieux que de ressasser des vieilles rancœurs. Qui ne mènent strictement à rien. Sinon à faire du surplace.