Opinion

Billet : parler pour être compris

le mercredi 31 janvier 2018
Modifié à 16 h 17 min le 31 janvier 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Parlez-vous pour qu'on vous comprenne? Il n'est pas donné à tout le monde de communiquer comme un prof. Dans sa salle de classe. Qui donne des exemples. S’arrête pour prendre les questions. Marque des pauses pour s'assurer que tout le monde suit. Que les élèves comprennent. L'autre jour, j'ai fait réparer mon pare-brise. Une fissure d'environ 20 centimètres était apparue près du tableau de bord. Un jour de grand froid. Il ne m'a pas fallu plus que quelques kilomètres pour que la fissure se prolonge jusqu'aux extrémités du pare-brise. L'horreur. Heureusement, j'ai pu avoir un rendez-vous rapidement pour le faire changer. J'ai eu un service hors-pair. Un employé attentionné. Très gentil. Et dont la compétence m’est apparue évidente. Il m'a expliqué que ce genre de bris est fréquent l'hiver. Et que c'est la pression du vent sur le pare-brise qui avait sans doute prolongé la fissure. De fil en aiguille, il m'a donné un cours sur les vitres d’auto. M'expliquant ci et ça. C'était super intéressant. Cependant, il avait un débit rapide. Qui semblait accéléré par son enthousiasme. Et ses connaissances. Il me défilait à vive allure beaucoup d'informations. Comme c’est le cas de vendeurs que je rencontre parfois. Qui possèdent une vaste expertise dans leur domaine. Malheureusement, je n'avais pas le temps de tout enregistrer ce qu'il me disait. Ni d’assimiler tous les renseignements. C'était trop dense. Trop intense. J’avais le sentiment qu’il me saoulait avec ses mots. J’en étais presque étourdie. Les oreilles me bourdonnaient à la fin. Déformation professionnelle, j'aurais voulu pouvoir prendre des notes. Pour pouvoir y revenir par la suite. Comprendre les petits bouts que je n’avais pas le temps d’enregistrer. Puis, j'avais ma journée dans le corps, comme on dit. Mon attention était moindre.
«Mieux vaut comprendre peu que comprendre mal.» -Anatole France dans La rôtisserie de la reine Pédauque
Impossible pour moi de l’interrompre. Tant il était lancé. Pourtant, j'aurais parfois eu besoin qu'il marque une pause. Ou qu'il cesse de monologuer. Pour pouvoir lui poser une question. Revenir sur un élément. Échanger. Relancer la conversation autrement. J’ai fini par être lasse. Par vouloir m’en aller. Dommage qu’il n’ait pas été assez à l’écoute pour s’en rendre compte. Ni qu’il se préoccupe de se faire comprendre. Sans surprise, je devais être la millième cliente à qui il donnait ce genre d'information. Mais il avait oublié que c'était la première fois que je l'entendais.