Opinion

Blocus ferroviaire: et s’il s’agissait de Québécois ?

le mercredi 11 mars 2020
Modifié à 8 h 17 min le 11 mars 2020
Chronique de Claude Poirier L’économie du pays a été paralysée pendant plus de 20 jours en raison du manque de leadership des gouvernements fédéral et provincial. La situation du blocus ferroviaire à Kahnawake et ailleurs au pays me rappelle la crise d’Oka de 1990. À cette époque, le premier ministre Robert Bourassa avait décidé d’aller de l’avant avec une opération policière. Quand on fait le bilan de cette opération, on se rappelle qu’elle a malheureusement coûté la vie au caporal Marcel Lemay parce qu’elle avait été mal planifiée. Je pense aussi qu’à ce moment, le service de renseignements de la Sûreté du Québec n’était pas à point. C’est sûr que ce n’est pas facile d’avoir de l’information venant de l’intérieur quand la situation se passe dans une réserve, car les gens sont extrêmement méfiants. Récemment, beaucoup de gens ont laissé entendre que des opérations policières auraient dû être faites sur les territoires. Je ne suis pas d’accord pour la simple raison qu’on ne sait pas qui se trouve derrière les barricades. Je connais personnellement des résidents de Kahnawake. Il ne faut pas généraliser: il y a de très bonnes personnes qui vivent dans les réserves et sur des territoires, et elles n’ont aucun lien avec le crime organisé. Mais, dans ces mêmes réserves, il y a des gens liés au crime organisé dont les fréquentations sont très douteuses.
Je me rappelle que, dans les années 1970, des camions remplis de pneus et de téléviseurs volés circulaient dans les réserves. À l’époque, Jacques Duchesneau était responsable des enquêtes à la police de Montréal. Il avait eu des mandats de perquisition pour se rendre dans les réserves, mais il avait été bloqué par le milieu politique. Aujourd’hui, on récolte peut-être ce qu’on a semé parce qu’on n’a jamais voulu intervenir.
En ce moment, on reproche aux Peacekeepers de ne pas le faire. Je comprends leur position. Les Peacekeepers vivent dans la réserve. Ils ne veulent pas se mettre les résidents à dos. Les chefs aussi ont des pressions à cause de la situation à Akwesasne. Cette réserve est le port d’entrée des cigarettes, de la drogue et des armes. Peut-être que des chefs ont intérêt à laisser traîner la crise présentement parce qu’ils ne veulent pas que les policiers interviennent. Mais si c’était des Québécois qui bloquaient les voies ferrées, ça aurait été nettoyé bien avant. Le milieu politique a peur de s’aventurer parce qu’il ne veut pas revivre la crise de 1990. 10-4! (Propos recueillis par Gravité Média)