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Boisé Châteauguay-Léry : la MRC referme un peu la porte à la construction en attendant de l'aide

le dimanche 28 février 2021
Modifié à 14 h 16 min le 25 février 2021
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Les 11 maires et mairesses de la MRC de Roussillon ont adopté, le 24 février, un règlement 215 qui permet moins de construction dans le boisé Châteauguay-Léry que le projet initial. La mesure se veut temporaire, l’objectif des élus municipaux étant de créer une vaste aire protégée accessible au public. À lire aussi : La députée engagée dans la protection du boisé [caption id="attachment_75768" align="alignleft" width="170"] Christian Ouellette[/caption] Le règlement a été adopté à la suite d’un processus de consultation auquel près de 700 personnes et organismes ont participé. À peu près tous réclamant la conservation totale du corridor vert. Fort de cette réaction, la MRC a lancé un appel à l’aide pour atteindre l’objectif. La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), entre autres, l’a entendu. « C'est une longue et laborieuse démarche que nous avons entreprise, mais elle porte déjà fruit. Nous sommes heureux que la CMM ait décidé de nous accompagner et d'interpeller à son tour le gouvernement du Québec. Nous entendons utiliser tous les leviers à notre disposition pour concrétiser cette volonté de préserver notre patrimoine naturel et sa biodiversité, comme les nouveaux outils prévus au projet de loi 46 récemment adopté », fait part dans un communiqué, jeudi, Christian Ouellette, préfet de la MRC et maire de Delson. Le conseil de la MRC demande au ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques de désigner « milieu naturel » le bois et corridor forestier métropolitain de Châteauguay-Léry et de l'inscrire au registre prévu à cette fin. « Cette désignation donnerait au ministre les outils nécessaires pour mieux protéger cet écosystème de grande valeur », fait valoir la MRC. « L'implication et le soutien du gouvernement sont essentiels pour soutenir les efforts de conservation localement, mais aussi pour assurer l'application cohérente des orientations gouvernementales en matière de développement durable et l'atteinte de ses cibles de conservation », a soutenu le préfet. Règlement modifié Le conseil de la MRC fait valoir qu’il adopte le règlement 215 pour améliorer sa position juridique face à une poursuite de 50 M $ de propriétaires de lots dans le corridor vert. Il indique qu’il y a urgence puisque la procédure d’inscription de dossier de Cour aura lieu ce printemps. « Les requérants demandent l'annulation pure et simple du règlement 170 –ce qui ouvrirait la porte toute grande au développement et serait contraire aux objectifs poursuivis– ou des compensations financières pouvant atteindre 50 M$. Dans le but de renforcer sa position juridique, la MRC a donc proposé une modification du schéma d'aménagement régional », rappelle la MRC. Le règlement 215 final adopté à l’unanimité augmente le pourcentage de conservation exigé sur les lots concernés. Il intègre la possibilité pour une municipalité de limiter à 300 m la longueur de toute nouvelle rue reliée à un bonus de densité. Il ajoute de nouveaux critères dans les outils discrétionnaires pour limiter l’ouverture de nouvelles rues. Il impose l’obligation au propriétaire de réaliser une étude d’impact en sus des rapports d’expertise déjà prévus. Le concept de développement par grappes dans des secteurs à « valeur écologique moins élevé » est abandonné. 160 terrains de football [caption id="attachment_100059" align="alignleft" width="170"] Guy Turcotte[/caption] Le règlement 215 adopté permettrait de détruire entre 6 et 9 millions de pieds carrés de forêt pour faire place à du résidentiel, a calculé Guy Turcotte, porte-parole de SOS Forêt Fernand-Seguin. « Ça représente entre 100 et 160 terrains de football », illustre-t-il. « C’est moins mais ce n’est pas ce que les gens réclament », souligne le citoyen qui milite depuis plus de dix ans pour la conservation du boisé. M. Turcotte constate que le règlement offre de nouveaux outils aux villes pour limiter le développement. Les élus municipaux pourront utiliser ces outils pour « garder le fort », estime-t-il. « Les membres des conseils des villes de Léry et de Châteauguay devront se tenir debout et utiliser tous les outils règlementaires qui semblent leur être fournis par ce règlement 215. Utilisé avec courage et finesse, ce règlement 215 pourrait servir à retarder la réalisation de projets de développement dans le Corridor », indique-t-il dans un communiqué. À l’instar des élus de la région et d’une grande partie de la population, M. Turcotte dit souhaiter « ardemment que  les gouvernements supérieurs utiliseront les leviers règlementaires et financiers qui sont à leur disposition afin d’intervenir rapidement et fortement en faveur de solutions visant à assurer une protection à perpétuité de notre Corridor vert ».