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Carrossière par passion pour les voitures

le mercredi 07 mars 2018
Modifié à 8 h 29 min le 07 mars 2018
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Enfant, Carolanne Poissant accompagnait son père à bord de sa Transam pour visiter des expositions consacrées aux vieilles voitures. Sur la ferme familiale à Saint-Philippe où elle a grandi, elle s’adonnait au motocross et véhicules tout-terrain pendant ses temps libres. Faut-il s’étonner qu’elle exerce aujourd'hui le métier de carrossière, et ce, même si au départ elle s’interrogeait sur son avenir?    «Au secondaire, tous mes amis savaient ce qu’ils voulaient faire, mais pas moi. Je détestais l’école. Il me fallait quelque chose de manuel. Écrire, lire, être assise ou passer la journée devant un ordinateur, je ne suis pas capable», déclare-t-elle. Après avoir abandonné l’école, elle a songé à retourner aux études pour compléter son secondaire, mais ignorait dans quel domaine. «Je me tenais avec du monde qui travaillait dans la carrosserie. Ça m’a intéressée», poursuit-elle. C’est à l’occasion des journées «élève d’un jour» du Centre de formation Compétence-de-la-Rive-Sud à La Prairie qu’elle a eu l’occasion de découvrir sa future profession.
«J’adore les voitures. J’ai tout le temps le goût d’en apprendre plus. Je veux tout savoir! Je demande toujours tous les trucs aux autres carrossiers.» - Carolanne Poissant, carrossière
«Ça me tentait d’aller en mécanique. J’ai même passé une autre journée au Centre pour voir, mais il y a beaucoup trop de par cœur dans les livres, mentionne-t-elle. En carrosserie, tout l’apprentissage se passe en garage par des exercices pratiques.»   Clancher les gars Carolanne Poissant raconte que lors de sa formation pour obtenir son diplôme d’études professionnelles (DEP), elle n’a pas eu à s’imposer en tant que femme exerçant un métier non traditionnel. «Sur les cinq ou six élèves pour la rentrée dans le programme, on était juste deux filles du même âge environ. Il y avait une autre plus âgée qui terminait [sa formation]. Les professeurs nous disaient en blague qu’ils n’avaient jamais vu autant de filles en deux ans dans le programme», se souvient-elle. C'est en raison de ses résultats scolaires qu'elle s’est fait remarquer. «J'avais des 100% dans mes examens. Je terminais toujours la première lors des exercices. J’ai clanché les gars», relate avec fierté la résidente de Saint-Rémi. C’est en 2014, à l’âge de 19 ans, qu'elle a obtenu son diplôme.   Dur pour le corps Le métier de carrossier est dur pour corps, «qu’on soit un homme ou une femme», indique Carolanne Poissant. «On est tout le temps à terre sur les genoux. Le dos écope aussi. Tu emploies beaucoup de produits chimiques. Il faut porter un masque, des gants, des pads, des lunettes et des bottes.  Le poté pour réparer les bosses est toxique. On y ajoute un activateur [pour le faire durcir] et quand tu sables, ça fait de la poussière. On manipule beaucoup de tanner par jour», explique-t-elle. Elle précise que ces précautions essentielles n’altèrent en rien la passion qu’elle ressent pour son travail.   [caption id="attachment_38660" align="alignright" width="521"] Le métier de carrossier est dur pour corps, «qu’on soit un homme ou une femme», indique Carolanne Poissant. (Photo : Le Reflet - Denis Germain)[/caption]   Projets Les projets ne manquent pas pour Carolanne Poissant. Elle rêve du jour où elle possédera son propre atelier et redonera un nouveau look à de vieilles voitures pour les voir sur les pistes de course. Elle se consacre aussi au drift. Il s’agit d’un sport automobile où le pilote contrôle son véhicule en le maintenant en dérapage dans les courbes. Le but est d’envoyer le plus de puissance possible aux roues arrière pour leur enlever toute adhérence à la piste et ainsi glisser sans perdre de vitesse, selon le site Vidéos-Drift. Depuis l’hiver 2016, dans le garage d’un ami, Carolanne Poissant monte son propre véhicule. «C’est ma plus grande passion. Je suis aidée par un ami qui fait du drift depuis longtemps. Au Canada, tu ne peux pas gagner ta vie avec ce style de compétition, mais aux États-Unis, oui. Si je pouvais faire de la compétition, je le ferais. Ce serait fou», dit-elle.   Modèle à ses heures Carolanne Poissant est aussi modèle à ses heures. Ses photos servent à annoncer des produits ou garnir les portefolios de photographes. «Ça fait deux ans que je fais ça. Je ne gagne pas vraiment d’argent. Je le fais pour le plaisir. C’est deux affaires à l’opposé de moi. Je travaille dans un garage et je me retrouve aussi full poupoune sur des photos», déclare-t-elle. Elle s’amuse de ce contraste qu’elle projette. «Quand j’arrive dans un nouveau garage les gens me disent "Tiens, v’là Barbie qui vient d'rentrer". Après que j’aie fait mes preuves en carrosserie, ils me disent "On t’a trouvé bien cute, on voulait rire un peu de toi, mais tabarnane tu as réussi à nous fermer la trappe», indique la carrossière.