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Cerfs : le rapport d’expert fait état de lacunes majeures dans le protocole de Sauvetage animal

le samedi 13 mars 2021
Modifié à 9 h 13 min le 03 mars 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Risques de blessures, de myopathie, de régurgitation, de morbidité… Le comité d’éthique de l’utilisation des animaux de l’Université de Montréal (UdeM) a listé de multiples raisons de refuser l’obtention du certificat de bons soins des animaux à l’entreprise Sauvetage animal pour la mission de relocalisation des 15 cerfs du parc Michel-Chartrand, à Longueuil. Le Courrier du Sud a mis la main sur le rapport d’évaluation. Ce comité est composé de deux représentants du public et de 13 autres personnes ayant une expertise terrain, entre autres en technique de santé animale, médecine vétérinaire, anesthésiologie et médecine de la faune. Deux experts externes en cervidés ont aussi été consultés. Tout au long du document de cinq pages, le comité soulève de nombreuses questions et préoccupations par rapport au protocole soumis par Sauvetage animal. On mentionne d’entrée de jeu que l’entreprise n’a «aucune expérience évidente avec les cervidés», que ce soit sur le plan de l’anesthésie, de la capture, du transport ou de la manipulation. Cette inexpérience causerait des risques «élevés» pour la sécurité humaine, soutient-on. Le comité fait également état d’une expérience de tir «non documentée» et d’une «confusion» avec le type de fusil disponible. On mentionne d’ailleurs que le type de fléchette présenté par l’entreprise «cause plus de blessures/infections que d’autres types». Autres préoccupations Les membres du comité de l’UdeM ont aussi remis en question plusieurs aspects du protocole anesthésique de Sauvetage animal. Toute une liste de questionnements concernent également les enclos de capture. On mentionne notamment qu’«isoler un seul individu va induire un comportement de fuite, voire de panique» et que la hauteur et le type d’enclos sont inadéquats, «ce qui est à haut risque de causer des blessures lorsque les animaux vont être pris». Quant à la contention, elle a également été remise en doute par le comité. Celui-ci déplore entre autres qu’«aucune vraie mesure de réduction du stress et de l’anxiété n’est documentée» dans le protocole de l’entreprise. C’est sans parler des nombreuses questions concernant les comportements des cervidés, le plan de garde après la relocalisation, les institutions choisies, les risques d’avortement chez les femelles, etc. Dans son résumé en fin de rapport, le comité soutient qu’il y a un risque de blessures et de myopathie «très élevé» lors des captures, du transport et de la quarantaine à l’arrivée. Il fait aussi état d’un risque de régurgitation «très élevé avec le protocole actuel (mort éventuelle par pneumonie par aspiration)». Deuxième demande Bien qu’il se dit conscient que toute intervention produira un certain stress chez les animaux, le comité affirme ultimement que «le risque est jugé déraisonnable étant donné qu’il existe de meilleures pratiques pour accomplir ce genre de procédures en diminuant le stress et en limitant la morbidité et mortalité associées à la capture, au transport, à la quarantaine et à l’introduction d’animaux sauvages en milieux captifs.» Rappelons que Sauvetage animal a indiqué sur sa page Facebook qu’elle fera une deuxième demande auprès du comité. Le certificat de bons soins des animaux est essentiel à la délivrance du permis SEG émis par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) pour la capture des animaux sauvages à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune. Et sans celui-ci, la mission de relocalisation ne peut avoir lieu.