Opinion

C'est une langue belle...

le mercredi 30 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 30 mars 2016

«Un peu plus de 18% des travailleurs québécois détenteurs d’un diplôme universitaire n’atteignent pas le seuil de compétence en littératie», indiquait Éric Desrosiers dans Le Devoir en avril 2014. Le Québec, cette chère province au caractère identitaire unique, abriterait-il des Québécois de moins en moins rattachés à son caractère national: la langue française? C’est à se questionner sur la nature des causes ayant conduit une nation, se voulant unique et francophone dans un pays majoritairement anglophone, vers un désintérêt de la langue française et de sa complexité.

Les parents représentent une grande source d’influence en matière d’intérêt pour la langue française chez leurs enfants. Même si ces derniers affirment souvent que le rôle d’enseignant de la langue française revient aux professeurs qualifiés en la matière, ils ont un rôle important à jouer. Si dans mon jeune temps ma mère n’avait pas voulu me demander des mots de vocabulaire, je ne crois pas que j’aurais la même facilité que j’ai aujourd’hui dans l’apprentissage des rudiments de la grammaire française. Les parents représentent le premier modèle pour l’enfant. C’est donc pour cela qu’une bonne éducation commence par une bonne relation parent-enfant.

Mais sont-ils les principaux responsables? L’avènement des nombreuses technologies est aussi l’une des causes de la piètre qualité du français des élèves d’aujourd’hui. Je suis abonnée à certains réseaux sociaux et je trouve incroyable à quel point mes yeux peuvent souffrir, voire saigner à la vue de certains écrits.

Les jeunes d’aujourd’hui ne se préoccupent plus des apostrophes, des virgules, des accords du pluriel et j’en passe. Si par malheur quelqu’un commente l’une de leurs publications mentionnant le fait qu’elle soit bourrée de fautes, l’auteur de cette publication n’a qu’autre chose à répondre qu’il ne s’agit pas d’une production écrite.

Cette mentalité nuit non seulement à la motivation quotidienne du jeune, mais aussi au rythme de son éducation. La lecture de romans traditionnels et classiques est mise en marge pour laisser place à la lecture de courtes rubriques, ou encore de petites anecdotes anodines trouvées sur Internet. En ce sens, les bibliothèques personnelles bien garnies sont en voie d’extinction.

L’éducation de ces jeunes est biaisée, car il n’y a aucune continuité entre ce qui se passe en classe et ce qui se passe à l’extérieur de celles-ci. Il est rendu trop facile de corriger ses fautes grâce à des logiciels, mais qu’arrive-t-il lorsque ces jeunes sont confrontés à des épreuves écrites en classe? On abaisse maintenant certains standards pour diminuer les taux d’échec. Nous verrons peut-être un jour l’extinction de toute épreuve ministérielle liée à la langue française?

Profitons de l’occasion pour remercier ces milliers d’enseignantes et d’enseignants qui, malgré tout, se battent pour vos enfants et pour l’acquisition de compétences qui ont du bon sens dans un milieu d’apprentissage qui a du bon sens.

Amélie Drasse,

Sainte-Catherine