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Claude Brosseau tire sa révérence

le vendredi 19 mai 2017
Modifié à 0 h 00 min le 19 mai 2017
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Claude Brosseau était directeur du Service de sécurité incendie Saint-Philippe – Saint-Mathieu. Il a pris sa retraite le 16 mai. Celui qui a consacré une trentaine d’années à la prévention et au combat du feu se raconte pour l’occasion.  

D’où vous est venu l’intérêt de devenir pompier ?

«Il y a deux choses qui m’ont incité à devenir pompier. La première, c’est que je suis un grand brûlé. C’était en 1972 et j’avais 6 ans. On était une gang de jeunes en train de faire un mauvais coup. On a fabriqué un cocktail Molotov. J’ai été brûlé au 3e degré à la grandeur du corps. J’ai eu plusieurs greffes. Durant trois ou quatre mois, j’étais comme une momie à l’hôpital. Pendant mon hospitalisation, l’église de Saint-Philippe a passé au feu le jour de ma fête. Ces deux événements on fait en sorte que j’ai commencé à m’intéresser au métier de pompier. Aussi, quand j’allais à l’école [des Moussaillons] je passais devant la caserne. J’aimais voir les camions de pompiers. Je me suis dit qu’un jour j’allais être pompier. J’ai commencé ma carrière en 1986 à Saint-Philippe.»

 

Vos parents étaient-ils étonnés par votre décision ?

«Mon père [Gaétan Brosseau] a toujours été impliqué dans la Municipalité. Quand l’église a brûlé, il était conseiller [de 1971 à 1977]. Plus tard, il est devenu maire [2000 à 2009]. À la suite de cet événement, il a été responsable, avec les gens de Saint-Mathieu, de la création de la caserne en 1974. Il n’a pas été étonné que je m’implique à mon tour.»

 

Vous étiez pompier à temps plein ?

«Non. Ce fut toujours à temps partiel. Parallèlement, je travaillais pour mon père en tant que courtier d’assurance et j’ai pris la relève. Mon père avait son cabinet à Saint-Philippe. J’étais en mesure, par mon rôle de courtier, de venir en aide aux gens à la suite d’un feu, pour les aider à préparer leurs demandes d’indemnisation. Quand c’était mes assurés à moi, les relations étaient déjà établies.»

 

Dans un milieu où tout le monde se connaît, est-ce difficile de combattre le feu chez un ami, une connaissance ?

«Au contraire. Quand c’est quelqu’un que tu connais, tu vas travailler instinctivement deux fois plus fort. Tu vas plus t’impliquer parce que tu veux limiter les dommages. Quand tu retournes à la caserne tu fais un bon débriefing pour éviter justement ne pas être trop près de la situation vécue. Si je n’ai pas perdu de collègues lors d’interventions, un de nos pompiers, Paul Chartrand, est décédé d’un arrêt cardiaque en novembre 2004. Il était aussi photographe au Reflet.  On l’a fêté samedi pour ses 50 ans et il est mort lundi chez lui. Durant son transport à l’hôpital, je l’ai massé [réanimation cardio-respiratoire]. Pour moi, c’était le moment le plus difficile.»

 

Concernant vos interventions lors d’incendies, avez-vous vécu un événement marquant ?

«C’est mon premier feu, celui du restaurant Le Colonial BBQ à La Prairie en 1986. Il y a eu par la suite d’autres événements où nous sommes intervenus comme la Crise du verglas en 1998. Nous étions en renfort lors des inondations à Saint-Jean-sur-Richelieu en 2011. On a passé également une semaine au Lac Mégantic en 2013 lors de la tragédie. Plus près, il y a eu un feu dans une cour à scrap en 1991, située en plein centre-ville à Saint-Philippe.»

 

Ce dont vous êtes le plus fier ?

«Il n’y a aucun élément en particulier. Ça a toujours été un travail d’équipe. En 1991, je suis devenu directeur adjoint et, en 2006, directeur. Durant ces années, j’ai toujours fait en sorte de maintenir un climat familial. C’était une de mes valeurs principales. Les pompiers pourront vous le dire. Ici, on n’a jamais eu de gros conflits de travail. S’il y avait un problème, on s’assoyait et on trouvait une solution tout le monde ensemble. On a été toujours en mesure à travers les années de combattre les incendies en conservant un esprit de travail sain.»

 

Moment d’émotion

Accordant l’entrevue en compagnie de ses collègues réunis à la caserne de Saint-Philippe, Claude Brosseau a été particulièrement ému. Son ami et confrère lorsque Karl Voghell, qui a été chef à la caserne et actuellement pompier, a déclaré à propos de son départ: «C’était notre capitaine. Il nous a menés à bon port et maintenant il quitte le bateau».

À noter qu’à la suite d’une entente survenue il y a deux ans, que le Service de sécurité incendie Saint-Philippe – Saint-Mathieu est sous la direction de Sylvain Dufresne, directeur du Service de sécurité incendie à La Prairie.