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Des commerçants expropriés se sentent pris en otage

le mercredi 09 mai 2018
Modifié à 14 h 22 min le 09 mai 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Visés par un avis d’expropriation de la Ville en octobre 2016, les commerçants d’un petit centre commercial à Candiac n’en peuvent plus de cette situation qui traîne en longueur. En attendant, ils affirment perdre des clients tous les jours. «Ça fait trois ans et demi qu’on nous dit qu’on va être expropriés et il ne se passe rien, déplore Élie Saade, le franchisé du restaurant Amir situé sur le boulevard de l’Industrie. J’ai des appels tous les jours de clients qui pensent qu’on est fermé. Mon chiffre d’affaires n’arrête pas de descendre.» M. Saade venait tout juste de signer un bail de dix années supplémentaires avec le propriétaire du centre commercial lorsqu’il a su que la Ville avait pris un avis de réserve à des fins éventuelles d’expropriation en octobre 2014. La Municipalité s’est prévalue de son droit deux ans plus tard, mais rien n’a abouti encore. Le propriétaire est lié avec la chaîne Amir pour conserver sa franchise à Candiac. Il affirme avoir trouvé en dépit du faible nombre de locaux commerciaux disponibles. «J’ai un local qui m’attend, mais il ne va pas m’attendre indéfiniment», se désole celui qui réclame son indemnisation rapidement. De son côté, le propriétaire du restaurant Paju, le roi du sous-marin, affirme avoir perdu le local qu’il visait, faute de n’avoir pas encore été exproprié. «En attendant, on ne peut pas faire aucune amélioration, sinon on ne sera pas indemnisé. Je ne peux pas non plus vendre. Qui serait intéressé?» questionne-t-il.
«On est inquiets et on se sent laissés à nous-mêmes.» - Abasa Kali, propriétaire du resto Paju, le roi du sous-marin
Le propriétaire de la garderie Les heureux petits dauphins, Mohammed Chetita, dit vivre lui aussi des heures difficiles. «Qui veut mettre son enfant dans une garderie en sachant qu’elle sera expropriée? De plus, si je ne veux pas perdre ma clientèle, je ne peux pas trop m’éloigner», déclare-t-il. Les commerçants déplorent surtout n’avoir aucune nouvelle de la Ville en dépit des promesses faites par l’ancien directeur général David Johnstone à l’effet que le dossier allait être réglé en janvier 2018. Leur avocat spécialisé en expropriation ne leur a rien dit depuis un moment et celui-ci n’a pas retourné l’appel du Reflet. Retard aussi pour le propriétaire Le propriétaire du centre commercial, Jean Picard, dit comprendre  la situation fâcheuse dans laquelle se trouvent ses locataires. De son côté, le processus de compensation s’étire aussi avec la Ville, affirme-t-il. «On s’est entendu sur les montants de l’expropriation en janvier, mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis, rapporte-t-il. J’ai su que ça devrait être réglé en mai.» La Ville de Candiac a budgété une dépense de 2,7 M$ pour l’expropriation. Or, elle est «en attente de l’obtention d’une autorisation pour procéder à un règlement d’emprunt, a écrit la directrice des communications Jacinthe Lauzon en réponse au Journal. Une fois cette autorisation obtenue et l’achat finalisé, la Ville sera en mesure d’entamer les discussions avec les locataires». Entre-temps, les commerçants ont entendu des rumeurs à l’effet que la Ville n’avait pas l’intention de les évincer tout de suite et qu’ils resteront sur place encore un peu. Pourquoi l’expropriation ? La Ville a prévu aménager une rue à l’endroit du centre commercial pour faciliter les déplacements des résidents du développement résidentiel Square Candiac. La garderie Les heureux petits dauphins, les restaurants Amir, Baguettes d’orient et Paju, le roi du sous-marin sont au nombre des quatre commerçants expropriés. Un local est vacant. [caption id="attachment_41108" align="alignnone" width="521"] Le propriétaire et les locataires du centre commercial Candiac sont visés par un avis d'expropriation de la Ville.[/caption]