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Courtier immobilier : passion et «heures de fou» au rendez-vous

le mardi 12 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 12 avril 2016
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Si vous aimez vous investir sans compter vos heures, incluant les soirs et les week-ends, assumer bon nombre de dépenses reliées à votre travail et être prêt à gagner un salaire plus que modeste à vos débuts, la profession de courtier immobilier est pour vous. Cependant, en tant que travailleur autonome, vous aurez la chance de vous dépasser à la mesure de vos ambitions. "The sky's the limit", comme on dit.

«Il faut être prêt à faire des heures, travailler très fort et avoir très peu de vie. J’ai déjà fait régulièrement des 80 heures 90 heures par semaine. J’ai été parmi les agents les plus établis au pays. Je me suis retrouvé dans le top 50 au monde pour Re/Max sur 100 000 courtiers», explique Steve McKenzie, courtier immobilier agréé et directeur de l’agence RE/MAX Platine S.McK qui œuvre dans le domaine depuis une trentaine d’années. «Quelqu’un qui regarde l’heure passer et qui a hâte d’aller à la maison ne peut pas travailler dans ce domaine. On ne compte pas les heures si l’on veut réussir», mentionne Francis Lavoie, courtier immobilier agréé et propriétaire du groupe Lavoie chez RE/MAX Platine F.L. à Saint-Constant Salaire Combien doit s’attendre à gagner un courtier immobilier à ses débuts? L’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) ne tient pas de statistiques à ce sujet. «Les courtiers gagnent en moyenne 50 000$ et réalisent entre 12 et 14 transactions par année. Et cette moyenne est à la hausse. Cependant, ce 50 000$ est brut. Il faut déduire les dépenses que le courtier a engagées [frais de publicité, secrétariat, photos, formation continue, déplacements, etc.]», déclare Christian Ouellette, courtier immobilier agréé et propriétaire de Royal Lepage Optimum à Delson. «Chaque mois, j’investis entre 30 000$ et 35 000$. Je commence donc mon mois dans le rouge», souligne Steve McKenzie dont un des bureaux de son agence est situé à Candiac. Selon Francis Lavoie, il faut voir la première année de travail comme une année de stage. «C’est à ce moment qu’on apprend le métier. On est là pour faire l’éponge et découvrir tous les aspects techniques. On en apprend beaucoup à l’école, mais on en apprend encore plus sur le terrain. Les nouveaux courtiers vont parfois accompagner les courtiers seniors sur des rendez-vous afin de voir comment ça se passe. Toutes ces heures ne sont pas payées», note-t-il. Relève et compétition La relève qu’elle soit jeunes ou plus âgée est au rendez-vous. Et ce, malgré une décroissance depuis 2011, du nombre de courtiers immobiliers au Québec. «Ce n’est pas la première fois que ça arrive. Il y a toujours des pics à la baisse que ce soit dans les années 1980 ou 1990. Il n’y a rien de dramatique», mentionne M. McKenzie. M. Lavoie rappelle qu’au Québec environ 20% des courtiers contrôlent 80% du marché des transactions. «Donc, 80% des courtiers vont se partager 20% des transactions», fait-il remarquer. Dans ce contexte, on ne doit pas s’étonner que certains raccrochent leurs patins. Le phénomène des agences qui proposent de vendre sans commissions en fournissant les outils aux propriétaires afin qu’ils réalisent eux-mêmes leur transaction n’effraie pas les trois courtiers. «Depuis 25 ans, 80% des transactions immobilières ont été réalisées par l’entremise d’un courtier immobilier et 20% par les propriétaires seuls. La grosse différence, c’est qu’au lieu qu’ils aillent s’acheter une grosse pancarte «À VENDRE» chez le quincaillier, ils vont maintenant chez ces agences», note M. Ouellette. «Mon compétiteur ce n’est pas ces agences ni les bannières des autres courtiers immobiliers continue-t-il, mais le constructeur de maisons neuves. Je vends de l’usager et le client a le choix d’aller vers le neuf ou non.» «Pour nous, ces sites d’agence sans commission, c’est un peu comme une base de données de futurs clients pour les courtiers immobiliers», lance pour sa part avec sourire M. Lavoie.   Ils ont aussi dit «Il y a des courtiers qui se promènent en BMW, en Audi ou en Mercedes. Je n’ai jamais eu de voiture allemande et je fais plusieurs fois le salaire de ces courtiers.» -Steve McKenzie   «La relève est plus informée, plus instruite. On a beaucoup de jeunes aujourd’hui qui ont des bacs en administration, en marketing.» -Christian Ouellette   «C’est fini le temps où des courtiers mettaient juste la pancarte À VENDRE devant la maison et l’inscrivaient sur le réseau MLS (réseau de promotion immobilière Interagence)». -Francis Lavoie   «Quand tu commences [pour devenir courtier immobilier], il ne faut pas rêver en couleur. La relève ne sait pas tout à fait dans quoi elle s’embarque.» -Steve McKenzie   «Quand on achète ou vend une maison, ça ne se fait pas instantanément. C’est un processus d’accompagnement qui nécessite un suivi.» -Francis Lavoie   «Le travail d’équipe est de plus en plus populaire chez les courtiers. Quand on met une maison en vente, chaque membre de l’équipe a un rôle à jouer.» -Francis Lavoie   «On aime la jeune relève, mais aussi les gens dans la cinquantaine qui choisissent ce métier comme deuxième carrière. Ils inspirent confiance, ont l’expérience de la vie et font de très bons candidats.» -Christian Ouellette   Quelques statistiques 11 391 : courtiers immobiliers au Québec. À ce nombre, il faut ajouter 3 327 personnes qui détiennent le titre de coutier immobilier agréé. Les courtiers agréés possèdent les qualifications requises, après formation et examen, pour devenir DA (directeur d’agence). 398 : nombre de courtiers agissant à leur compte. 58 % : pourcentage des hommes qui occupent cette profession. 50-54 ans : tranche d’âge majoritaire pour les deux sexes. Source : Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ)   Programme de formation continue obligatoire Afin de maintenir et de développer la compétence et la crédibilité de la profession un programme de formation continue a été instauré le 1er mai 2015. Les courtiers ont jusqu'au 30 avril 2017 pour obtenir les 18 unités de formation continue (UFC) requises dans le cadre du programme.   À LIRE AUSSI : Quand la photo de l’agent fait vendre