COVID-19

COVID-19 : cri du coeur d’un «ange, à l’aile cassée»

le jeudi 02 avril 2020
Modifié à 10 h 04 min le 02 avril 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

L’enjeu de fournir du matériel de protection au personnel du réseau de la santé a été au cœur des allocutions des premiers ministres Justin Trudeau et François Legault ces derniers jours. Plusieurs employés œuvrant sur la ligne de front contre la COVID-19 expriment de vives inquiétudes concernant la diminution des stocks. C’est le cas d’un «ange, à l’aile cassée» qui a pris la plume au beau milieu de la nuit pour écrire au Soleil, le média d'information de Gravité Média à Châteauguay. À lire aussi : Priorité à l’équipement médical de protection «Je travaille demain à 7h15, je n’ai pas soupé, rien ne rentrait. Maintenant, je suis là, à vous écrire à 3h du matin, car le sommeil ne vient pas», exprime dans un courriel la personne travaillant dans un hôpital du grand Montréal. Elle préfère ne pas rendre publique son identité. «Personnellement, je ne suis pas une personne nerveuse, précise-t-elle. Je suis de nature plutôt très calme en temps normal. Mais là, ce soir, plutôt cette nuit, non je ne dors pas…» Prélèvements dans la bouche, dans le nez, installation de ventilation mécanique, intubation. Sa mission l’amène à douze pouces du nez des patients. Là où le coronavirus se cache, invisible, pour tourmenter de nouvelles victimes. «Le risque de contamination est toujours au maximum », répond-elle. «J’imagine que vous pouvez comprendre le stress et la peur énormes que ce travail peut engendrer. Le stress de manipuler la vie des gens, d’être contaminés, la peur de ramener le virus à la maison, de contaminer nos enfants, mari, ou d’autres patients, malgré que l’on prenne toutes les mesures nécessaires… deux fois plutôt qu’une», dit-elle. Ce qui manque le plus, déplore-t-elle: les fameux masques N-95. «SVP, prioriser l’approvisionnement en masques N-95», exhorte-t-elle en s’adressant au premier ministre François Legault. Celui-ci a laissé savoir lors de ses points de presse quotidiens qu’il est au fait de la situation et que des efforts sont faits pour éviter un manque. Malgré la peur, la personne n’a pas l’intention de lancer l’éponge. «Je serai au boulot demain et tant que le corps tiendra le coup», conclut-elle. Elle signe  «Un ange, à l’aile cassée». D’autres témoignages semblables d’employés qui disent travailler «la peur au ventre» figurent sous l’onglet « Je dénonce » lancé par la Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec.