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COVID-19

COVID-19 : Pharmascience s’active pour produire de la colchicine à Candiac

le mardi 02 février 2021
Modifié à 15 h 40 min le 02 février 2021
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Alors que l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) a révélé que son étude Colcorona a démontré «des résultats cliniquement convaincants» pour le traitement de complications liées à la COVID-19 avec la colchicine, l’entreprise Pharmascience à Candiac, désignée pour fabriquer le médicament, se dit prête à le produire à grande échelle pour le pays, dès qu’on lui donnera le feu vert. À lire aussi: Un médicament à l’étude contre des symptômes de la COVID-19 produit à Candiac Jean-Guy Goulet, chef d’exploitation à l’entreprise pharmaceutique, fait d’abord savoir que l’anti-inflammatoire indiqué à 0,6 gramme pour la goutte – maladie pour laquelle la colchicine est prescrite habituellement depuis bon nombre d’années – est soumis à l’homologation de Santé Canada à 0,5 gramme depuis le 25 janvier. Le même processus en Europe et aux États-Unis est sur la table de travail. Pharmascience a également «pris le risque mesuré» de se procurer des matières premières, soit les molécules nécessaires, et de les transformer en vue d’une éventuelle production. Il s’agit d’un investissement important dont le montant n’est toutefois pas précisé. «On a créé de l’inventaire. On continue, mais nous sommes en attente de Santé Canada présentement, ainsi que des résultats finaux de l’étude, entre autres», indique M. Goulet sans dissimuler sa fierté et sa reconnaissance pour les employés de l’entreprise, «résilients» depuis le début de la pandémie bien que leurs conditions de travail se soient complexifiées. Il réitère toutefois que tous les acteurs impliqués font preuve de prudence avant de crier victoire.
«Le but principal de Pharmascience est de participer à cette bataille livrée contre la COVID-19.» -Jean-Guy Goulet
Étude Selon un communiqué publié par l’Institut de cardiologie de Montréal, le 22 janvier, la colchicine est le seul médicament oral efficace pour traiter les patients COVID-19 non hospitalisés. «Les résultats de l’étude ont démontré que la colchicine a réduit de 21% le risque de décès ou d’hospitalisations chez les patents atteints de COVID-19 comparativement au placébo», peut-on lire. Environ 4 500 patients atteints de la COVID-19 n’étant pas hospitalisés, avec au moins un facteur de risque de complications, ont pris part à l’étude déployée au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud, ainsi qu’en Afrique du Sud. Lors d’une analyse de 4 159 patients dont le diagnostic de coronavirus était prouvé par un test naso-pharyngé (PCR), la colchicine a entrainé des réductions d’hospitalisations de 25%, du besoin de ventilation mécanique de 50% et des décès de 44%. Pharmascience a fourni 200 000 comprimés pour l’étude qui a débuté au printemps. Un traitement nécessiterait 30 comprimés pour un traitement, selon l’entreprise pharmaceutique. Celle-ci fabrique déjà le médicament. Toutefois la production augmenterait de 5 à 20 fois pour une production liée à la COVID-19. L’entreprise n’a pas d’inquiétude à cet effet; l’enjeu repose sur la complexité de production, car la colchicine est un produit haut en toxicité qui nécessite une manipulation précise. Un exemple S’il advenait que la colchicine ne soit pas utilisée pour soigner la COVID-19, elle servira d’exemple pour démontrer que des molécules existantes peuvent servir autrement, souligne M. Goulet. Ce même médicament est d’ailleurs également à l’étude pour traiter des troubles cardiovasculaires. D’autres médicaments connus en pédiatrie, par exemple, pourraient aussi être utilisés dans des formulations différentes. «Cela nous intéresse beaucoup dans l’entreprise, puisque nous faisons de la recherche et développement. Nous pouvons repositionner des médicaments génériques et soutenir des innovations», dit M. Goulet. Production régulière en croissance Pharmascience produit encore plus d’autres médicaments génériques. On parle d’une augmentation de plus de 20% en 2020. «Il y a eu de la volatilité dans le marché. Il y a eu une augmentation en mars, ç’a baissé au mois d’avril. Puis, au mois de juin, on a revu une hausse, principalement due à des provinces qui avaient limité les prescriptions à 30 jours avant d’autoriser à nouveau les prescriptions de 90 jours pour les maladies chroniques, notamment. Cela a fait augmenter le volume à produire par prescription», explique M. Goulet qui indique qu’à l’automne, la même situation s’est reproduite.