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Dentistes bénévoles au Kenya

le mercredi 29 août 2018
Modifié à 14 h 45 min le 29 août 2018
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Soigner bénévolement 258 personnes d’un village au Kenya en cinq jours, tel est le défi que trois dentistes et une hygiéniste ont relevé au début de juillet. Parmi eux, Robin Pigeon et sa conjointe Corinne D’Anjou, propriétaires du Centre de santé dentaire Candiac. Cette aventure a été vécue en famille, puisque leurs trois enfants âgés de 11 à 6 ans étaient du voyage. Le couple, accompagné d’un ami dentiste demeurant aux États-Unis et de l’hygiéniste de sa clinique, Jo-Anne Bergeron, a séjourné du 1er au 6 juillet à Nkoisusu. Ce village du peuple massaï est situé dans le Sud-Ouest du Kenya, tout près de la frontière de la Tanzanie. «Derek Draft, [le dentiste américain] a des contacts avec un organisme du nom de Kenya Hope. C’est par leur entremise qu’on s’est rendus», indique le Dr Pigeon. L’équipe a monté sa clinique temporaire dans l’école. Ces dernies avaient apporté l’équipement et les médicaments nécessaires à leur mission.   Extractions Les dentistes ont travaillé chaque jour de 8h30 jusqu’à 18h, et plus. Parmi les traitements, plusieurs extractions de dents endommagées par la carie. Un fait qui a étonné Robin Pigeon. «Ce sont des gens qui ne consomment pourtant pas autant de sucre comme dans d’autres régions du monde. Est-ce à cause de la difficulté de se brosser les dents du fond? Parfois il fallait enlever jusqu’à trois dents», explique le médecin. L’équipe a pris sous son aile une fillette d’une dizaine d’années. Elle était la seule du village à avoir eu auparavant des soins dentaires. «On a vu qu’elle avait eu plusieurs traitements par un dentiste, mais tout était à refaire. Nous l’avons traitée presque tous les jours. On a essayé de remettre sa bouche en ordre», raconte le dentiste. Pour communiquer avec leurs patients, les médecins pouvaient compter sur quelques villageois qui avaient eu la chance de faire des études. «Ils étaient nos traducteurs et parlaient l’anglais [une des deux langues officielles du Kenya avec le swahili]. Mais la communication était quand même minimale avec nos patients. Ils levaient le pouce en l’air pour nous dire que c’était OK», raconte Robin Pigeon.   Choc culturel et implication Le dentiste de Candiac en était à sa première mission humanitaire à l’étranger contrairement à sa conjointe pour qui s’était la troisième. Il dit avoir été troublé par la polygamie qui a cours dans culture massaï. «Ça nous a choqués. Dans le village, l’homme bâtit une petite maison pour chacune de ses femmes et leurs enfants. Quand le mari meurt, elles se retrouvent seules avec une famille à s’occuper», dit-il. Il salue l’implication de ses trois enfants qui ont été pris en charge par des bénévoles de Kenya Hope. «Ils ont participé avec les jeunes du village à des activités, en plus de nous donner un coup de main dans la clinique. Pour Corinne et moi, c’était important de les amener, enchaîne le Dr Pigeon. On voulait leur montrer comment est le monde ailleurs, qu’ils aient une ouverture d’esprit.» Le couple a bien l’intention de retourner l’an prochain à Nkoisusu pour y offrir de nouveau des soins dentaires.   «Yogourt» au sang de vache et température Le Dr Pigeon n’a pas hésité à goûter au breuvage des Massaïs composé de sang frais de vache et de lait de cette dernière. «Avec un flèche, ils percent la carotide de l’animal pour recueillir le sang et referment la plaie [la vache retourne paître par la suite]. Ils ajoutent du lait et du sucre. Ça goûte le yogourt à boire aux fraises», raconte le dentiste. Alors qu’elle dormait dans des tentes, l’équipe a dû composer avec les nuits fraîches. «On a eu froid, car il faisait 10o Celsius. Le jour, c'était entre 20 et 25Celcius, car le village est situé en altitude. Avoir su, on aurait amené des chandails plus chauds», mentionne-t-il.