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Des propos controversés de Legault sur la présence d’armes à Kahnawake

le jeudi 27 février 2020
Modifié à 10 h 59 min le 27 février 2020
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Le premier ministre du Québec François Legault a affirmé lors d’une mêlée de presse le mercredi 26 février que la Sûreté du Québec tardait à faire appliquer l’injonction pour le démantèlement de la barricade à Kahnawake en raison de la présence «d’armes dangereuses» dont des AK-47. Une information qui a été démentie et dénoncée par la nation mohawk, le conseil de bande et les Peacekeepers de Kahnawake. Questionné à savoir pourquoi les policiers n’étaient pas encore intervenus pour démanteler la barricade qui bloque des rails du CP, M. Legault a répondu qu’il avait des informations « qui confirment qu’il y a des armes,  des AK-47 pour les nommer». Au lendemain de cette affirmation, l’adjoint parlementaire de la ministre de la Sécurité publique  Ian Lafrenière a voulu «préciser les faits» sur les propos du premier ministre. «En aucun temps il a dit que les gens sur la barricade étaient armés. Ce qu’il est venu dire, dans le fond, c’est qu’il a été briefé au niveau de la sécurité et on l’a informé que des personnes plus radicales avaient accès à des armes à feu», a mentionné M. Lafrenière sur les ondes de TVA Nouvelles. Propos dénoncés à Kahnawake La communauté mohawk a vivement dénoncé les propos du premier ministre. Le secrétaire de la nation mohawk, Kenneth Deer, qui se veut le porte-voix des manifestants de la barricade à Kahnawake, a réagi rapidement dans un communiqué en qualifiant les paroles de M. Legault de «dangereuses et provocatrices». «Ces accusations sont complètement fausses. Les Défenseurs du territoire sur le site (de la barricade) ne sont pas armés et sont pacifiques», a-t-il commenté. Le conseil de bande de Kahnawake dénonce aussi les propos du premier ministre. «L’utilisation de termes comme »AK-47 » et »armes » est extrêmement provocateur, et en fait, dangereux. Cela pourrait être interprété comme une intention d’inciter à une réponse», a commenté la chef du conseil de bande Ietsénhaienhs Kahsennenhawe Sky-Deer. Cette dernière dit s’être rendue à plusieurs reprises sur le site de la barricade et que les manifestants étaient pacifiques et qu’il n’y avait aucune arme. Mme Sky-Deer a indiqué lors d’une conférence de presse mercredi soir que les Peacekeepers étaient en contact avec la Sûreté du Québec pour discuter de l’injonction exigeant le démantèlement de la barricade. Le porte-parole des Peacekeepers de Kahnawake Kyle Zachary croit qu’une telle déclaration ne fait qu’exacerber la situation. «Il y a des armes sur notre territoire, mais il n’y en pas plus qu’il y en à Châteauguay ou Montréal», a-t-il commenté à CBC News. Le ministre fédéral des Services aux autochtones Marc Miller a confié à The Gazette que le premier ministre provincial «devrait mieux choisir ses mots dans le contexte actuel». Il a mentionné qu’il n’avait pas de raison de ne pas croire les représentants de la communauté qui nient que de telles armes soit présentes. L’Assemblée des Premières nations du Québec et de Labrador a dénoncé l’attitude de M. Legault dans ce dossier, qui selon l’organisme, «compromet les chances d’une résolution avec les Premières Nations et représente même un risque réel pour la paix sociale». «Encore une fois, les leçons d’Oka n’ont pas été retenues par les autres gouvernements. Faire croire que les membres de la nation Mohawk soient armés nous fait reculer, entretient la peur et alimente le sentiment anti-Premières Nations» a réagi l’APNQL.