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Des «sœurs de cœur» se retrouvent après 73 ans

le jeudi 14 février 2019
Modifié à 14 h 48 min le 14 février 2019
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Françoise Mondion et Margot Cambron racontent leurs «retrouvailles miraculeuses» en se regardant avec des étoiles dans les yeux. Les deux femmes ont été réunies par le hasard, à une résidence pour personnes âgées à La Prairie après s’être quittées abruptement il y a 73 ans. Le duo formé sur les bancs d’école est de nouveau inséparable.   Les deux femmes âgées de 90 ans ont déménagé à la résidence La belle époque à environ une semaine d’intervalle cet été. C’est à leur premier rendez-vous chez le médecin que les deux amies se sont retrouvées. «J’ai entendu l’infirmière appeler Mme Mondion. J’ai demandé si son prénom était Françoise et si elle avait habité rue Saint-Germain à Montréal, raconte Mme Cambron. Je me souvenais très bien de l’endroit où elle demeurait. Effectivement, c’était ma Françoise.» Leurs noms ont une signification pour elles. Ils les ont réunies à l’école, alors que les autres élèves portaient des noms comme Tremblay ou Bouchard. «Moi aussi, j’ai entendu son nom dans le corridor, mais je l’aurais reconnue sans ça. Tu as le même visage, la même binette!» lance Mme Mondion à sa grande amie avec un grand sourire.
«On s’est retrouvées comme si on ne s’était jamais séparées. Il n’y avait pas de gêne, c’était comme si on s’était vu la veille.» -Margot Cambron
Les deux femmes ont ensuite renoué en partageant un repas à la salle à manger, ce midi-là. Depuis, elles dînent et soupent ensemble tous les jours. «On s’ennuie quand on ne se voit pas», laisse savoir Mme Mondion. Elles étaient toutes deux réticentes à vivre en résidence. Elles craignaient entre autres l’isolement parfois vécu par les personnes âgées. Ensemble, elles ne le vivent pas. «Je suis toujours là pour elle et elle est là pour moi. Même à plusieurs chambres de distance, sa présence me rassure», dit Mme Cambron. «C’est réciproque. Ça nous aide beaucoup», lui répond son amie. Nostalgie Les deux femmes se sont rencontrées à l’école en 1936, dans le quartier Hochelaga à Montréal, alors qu’elles avaient 6 ans. «Au tout premier jour de classe préparatoire [la maternelle], nous étions ensemble», se souvient Mme Cambron. Son amie ajoute qu’elles «se volaient la place de première de classe». [caption id="attachment_57683" align="alignnone" width="478"] Mme Mondion a conservé précieusement une photo de classe. Photo gracieuseté.[/caption] «Mes plus beaux souvenirs, je vais vous le dire, c’est nos échanges à l’école, dit-elle. C’était en temps de guerre. Margot suivait ça à la radio et on en parlait.» Les deux femmes, dont la mémoire est intacte, relatent leurs histoires comme si le temps n’avait pas passé. «Quand je les entends se raconter des choses, je resterais assise avec elles des heures à les écouter», dit Suzanne Dumouchel, responsable des loisirs à la résidence La belle époque. Séparation Après l’école secondaire, les chemins des deux amies se sont séparés «tout d’un coup» sans aucune raison particulière. Elles se sont chacune mariées au début de la vingtaine. Mme Mondion confie par contre qu’elle n’a jamais cessé de chercher celle qu’elle considère comme sa «sœur de cœur». Elle a suivi des cours d’enseignement des arts ménagers. Elle continue de créer et de faire de l’artisanat. De son côté, Mme Cambron est retournée suivre des études collégiales en sciences, puis a complété un baccalauréat en soins infirmiers, deux maîtrises et un doctorat en combattant un cancer du sein. Elle a enseigné partout dans le monde, de l’Europe à l’Afrique, a écrit beaucoup d’articles scientifiques et 26 livres. Elle corrige encore des travaux scolaires et aide des étudiants universitaires. Célébration Le 14 février étant aussi la fête de l’amitié, les deux femmes pourront célébrer la Saint-Valentin ensemble cette année à la résidence. «C’est spécial, parce que c’est aussi ma fête le 12 février», dit Mme Mondion. Des activités spéciales seront offertes à la résidence pour l’occasion. Les trois mousquetaires  Mme Mondion et Mme Cambron étaient aussi proches de Pauline Rémi, qui réside maintenant à Longueuil. Suzanne Dumouchel est parvenue à entrer en contact avec elle pour réunir celles qu’elle surnomme ses «trois croquettes». «À l’école, on nous appelait les trois mousquetaires», dit Mme Mondion. Une rencontre entre elles aura lieu à la fin du mois de février. [caption id="attachment_57684" align="alignnone" width="620"] Françoise Mondion et Margot Cambron ont hâte de revoir leur amie Pauline Rémi (sur la photo au centre). Photo: Le Reflet - Denis Germain[/caption]