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Devenu allergique à son gagne-pain, le propriétaire de Chouquettes et cie est forcé de vendre

le vendredi 07 février 2020
Modifié à 9 h 30 min le 07 février 2020
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Quitter le métier de ses rêves parce que la santé ne collabore plus. C’est la triste réalité à laquelle fait face le propriétaire de la boulangerie Chouquettes et cie qui a développé une intolérance à deux types de farine qu’il utilise dans la confection de ses pains et pâtisseries. Sylvain Sezia doit maintenant se résoudre à vendre son commerce. Il y a 13 ans, le boulanger-pâtissier de formation a acquis la populaire boutique du boul. Marie-Victorin à Delson. Il y a investi toutes ses économies. «C’était mon plan de retraite», confie-t-il. Il y a à peine cinq ans, il a développé une intolérance à la farine de seigle et au son de blé. Il a appris à composer avec le problème, mais l’inconfort a persisté jusqu’à ce qu’il soit devenu intolérable. «Je dois mettre des gants, sinon mes mains deviennent rouges et me piquent. Les dix premières minutes après le contact sont toujours très intenses. Ce n’est pas évident de vivre avec ça», raconte-t-il. Le propriétaire précise qu’il n’a pas été victime de problèmes respiratoires jusqu’à présent. «J’aime mieux prévenir avant que ça devienne plus grave», explique-t-il. Les deux farines en cause ne se retrouvent pas dans toutes les confections de M. Sezia, ce qui lui a permis de contrôler ses crises d’urticaire. Il avait développé des trucs pour contourner le problème. «Je faisais une grande quantité de produits à la fois et je les congelais pour en avoir plus longtemps», explique-t-il. Néanmoins, c’est à contrecœur qu’il a décidé de vendre son fonds de commerce. «C’est dur. Je ne peux pas dire le contraire», se contente-t-il de dire émotif. Perle rare Le pâtissier-boulanger a eu un coup de foudre lorsqu’il est passé pour la première fois devant le commerce, en vente à l’époque. Il espère dénicher la perle rare qui continuera à offrir les produits que la clientèle déguste avec plaisir, et ce, dans la même ambiance conviviale à laquelle il tient. «Mon but est de trouver une personne qui aime le métier autant que moi. Être pâtissier ne demande pas qu’un savoir-faire. Il faut avoir de l’entregent», affirme celui qui a suivi ses premières formations dans le métier à 14 ans, en France. Depuis qu’il a affiché le commerce sur un site Web de petites annonces, M. Sezia a reçu des appels de personnes intéressées, mais sans succès, relate-t-il. Pas fermé Incertain quant à la suite de sa carrière, il considère peut-être faire le saut dans le domaine du camionnage, un métier qu’il a pratiqué auparavant. «Mon avenir, je ne le connais pas. Dans un premier temps, je veux d’abord trouver la bonne personne et je veux la former, si cela est nécessaire. Ça peut prendre du temps», fait-il remarquer. En attendant, il rassure les nombreux clients qui, ayant appris la nouvelle, ont cru à tort que le commerce allait fermer ses portes. «Je vais rester ouvert tant que je n’aurai pas vendu», précise M. Sezia.
«Je veux trouver une personne qui va continuer de faire vivre Chouquettes et cie comme les gens l’aiment.» -Sylvain Sezia
Asthme du boulanger Près de 10% des boulangers et pâtissiers qui doivent composer avec «l’asthme du boulanger». «Cette forme d’allergie respiratoire se développe à la suite d’une exposition à la farine de certaines céréales, dont le blé. Il s’agit d’une maladie professionnelle qui affecterait les individus mis en contact fréquent et prolongé avec des céréales, par exemple les boulangers et les pâtissiers, explique Allergies Québec. L’asthme du boulanger se caractérise par des symptômes respiratoires tels qu’une toux sèche, une respiration sifflante et une sensation d’oppression thoracique.»