Culture

Elle crée des œuvres au gré du feu

le lundi 27 mai 2019
Modifié à 9 h 15 min le 27 mai 2019
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Carmen Tougas-Poulin pratique le Raku,  une technique de cuisson de céramique japonaise, depuis plus d’une vingtaine d’années avec l’aide de son conjoint Pierre Poulin. Ses œuvres aux couleurs métalliques créées avec le feu sont présentement exposées à La Prairie. L’enseignante en art à la retraite a longtemps travaillé la céramique, mais a eu le coup de foudre pour le Raku. Elle confie adorer les couleurs et la profondeur des nuances. Mme Tougas-Poulin explique qu’elle contrôle environ 85% du processus de création d’une œuvre. «Le dernier 15%, c’est le feu qui le finit», dit-elle. En partant d’une plaque de terre blanche et malléable, l’artiste dessine et grave des motifs ou des personnages. Elle cuit une première fois la pièce, fait de l’émaillage en apposant des poudres colorées, puis une deuxième cuisson fait ressortir des tons dorés, cuivrés, turquoises, bleus et roses. Le résultat est toujours une surprise. Il faut environ un mois pour créer une œuvre de A à Z. «C’est beaucoup d’essais et d’erreurs, parfois on jette, explique M. Poulin. La magie du feu fait apparaître des couleurs. Quand on voit ça, on est comme des enfants!» Mme Tougas-Poulin précise qu’elle apprend et qu’elle trouve des manières d’obtenir certaines couleurs sur les tableaux, bols et vases qu’elle crées. Ses plus grandes œuvres ont des formats d’environ 0,3 m (15 po) par 0,4 m (17 po). Inspiration L’artiste a dû livrer une œuvre historique pour répondre à une demande lors d’un événement à Chambly il y a quelques années. Elle a créé une pièce sur laquelle on voit trois personnages féminins. Le premier porte une robe sur laquelle on voit un bâtiment pour évoquer la modernité. Un deuxième personnage symbolise la Nouvelle-France avec un chapeau qui rappelle celui des filles du Roy et une robe avec des touches de piano pour imager la culture. La troisième femme est une Amérindienne. Ce dernier élément a été le début d’une thématique que l’artiste explore depuis deux ans et demi, soit les femmes autochtones. [caption id="attachment_63809" align="alignnone" width="444"] La première œuvre qui a inspiré l’artiste pour le thème de femmes autochtones. Photo: Le Reflet - Denis Germain[/caption] «C’était avant qu’on parle d’appropriation culturelle. Je me retrouve beaucoup dans leur spiritualité et leurs valeurs. Plus on va parler d’elles, plus on va apprendre à les connaître. Je le fais dans le respect et en hommage», explique-t-elle. Les femmes autochtones disparues sont devenues sa première inspiration. «Ça me bouleversait», confie Mme Tougas-Poulin. Environ trois-quarts de ses œuvres abordent le sujet. Elles portent des titres comme «jamais oubliées» et «la déesse d’automne».