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Ex-psychiatrisé et ex-toxicomane, il raconte son histoire

le lundi 07 mai 2018
Modifié à 8 h 26 min le 07 mai 2018
La schizophrénie fait partie des graves maladies mentales et affecte 1% des Québécois. Carl Bénétis, 45 ans, figure dans ces statistiques. Sa vie n’a pas été un conte de fées, mais il a fait un choix: celui d’être heureux. Son message en est un d’espoir et de soutien envers les adultes touchés par la maladie mentale. Ex-toxicomane, Carl Bénétis s’est d’abord libéré de la drogue et, comme ex-psychiatrisé, il a pris les mesures nécessaires pour contrôler sa maladie. Devenu porte-parole du Centre de soutien en santé mentale de la Montérégie (CSSM-M), il s’applique depuis à vaincre les préjugés et la discrimination entourant la maladie mentale. À l’occasion de la Semaine nationale de la santé mentale qui se tiendra du 7 au 13 mai, il nous raconte son histoire. Drogué à 8 ans Carl Bénétis est né en 1972 à Longueuil. «À 8 ans, je sniffais de la colle et dès l’adolescence, ç’a été le pot et la cocaïne. Je n’étais pas mauvais à l’école, je dirais même que j’apprenais très vite, mais je m’y ennuyais, raconte-t-il. Je n’ai donc jamais terminé mes études secondaires.» Très jeune, Carl a intégré le marché du travail comme paysagiste. Au début des années 1990, il est devenu père de deux filles. «Mais la drogue a pris le dessus et sans exagérer, dans les années 1990, j’étais souvent sur le party», continue-t-il. Le 1er janvier 2000, M. Bénétis a fait une première psychose à la suite d’un delirium tremens. Il avait à ce moment 28 ans et ses filles, 9 et 7 ans. «J’aime à dire que le bogue de l’an 2000, c’est moi qui l’ai subi. Je me prenais alors pour le Christ. De 2000 à 2006, malgré ma psychose et l’abus de drogues, j’arrivais tout de même à travailler comme paysagiste. Je niais que j’étais malade. Jusqu’au jour où j’ai été hospitalisé en psychiatrie et ai dû abandonner le travail.» Malgré ses nombreuses hospitalisations entre 2006 et 2012, Carl continuait à résister à la médication. Sa mère a dû le prendre sous sa charge.
«Je suis maintenant un homme heureux, la preuve vivante que si on ne peut guérir complètement de la schizophrénie, on peut la contrôler.» -Carl Bénétis
«Sans elle, j’aurais vécu dans la rue. J’étais devenu irresponsable vis-à-vis moi-même et mes filles, révèle Carl Bénétis. À «l’aide sociale», les professionnels rencontrés m’ont signifié que j’étais «invalide à vie», donc inapte au travail.» «J’ai toujours conservé un fond d’optimisme en moi. J’ai découvert une forme intime de spiritualité qui a changé ma vie. Aussi, lors de ma dernière hospitalisation, en 2012, j’avais atteint un seuil de souffrance.» À partir de ce moment, «finie la drogue»! Carl a pris la responsabilité de traiter sa maladie, de consulter régulièrement sa psychiatre tout en étant à l’écoute des symptômes de sa schizophrénie. Il a demandé des médicaments qui lui permettraient d’être fonctionnel et de ne plus être étiqueté «invalide à vie». Le père de famille est maintenant sobre depuis 2012 et travaille comme livreur et paysagiste. «Je me prépare une belle retraite. Si, par le passé, je n’ai pas été un modèle positif pour mes filles, je tente maintenant de reprendre le temps perdu, affirme-t-il. Il n’est jamais trop tard pour soutenir les gens qu’on aime.» D’ailleurs, le message qu’il livre aux personnes atteintes par la maladie mentale est de ne pas s’avouer vaincues. Carl espère ainsi contribuer à mieux à combattre le désespoir et l’isolement des personnes touchées. (Source: Centre de soutien en santé mentale de la Montérégie) Rens.: assisto.ca/ressource/societe-de-schizophrenie-de-la-monteregie/