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Faudrait des examens aux 5 ans pour le permis de conduire

le samedi 15 juin 2019
Modifié à 16 h 35 min le 15 juin 2019
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Être policier, je n’aurais aucune difficulté à remplir un quota de 50 tickets par jour. Il suffit de passer quelques minutes dehors pour observer des dizaines d’infractions au Code de la sécurité routière. Négliger de signaler son intention de tourner ou changer de voie en activant son clignotant est l’une des plus courantes. Cette lacune est particulièrement bien observable au bord du boulevard Saint-Jean-Baptiste à Châteauguay à l’approche du boulevard D’Anjou. Une minorité de conducteurs utilisent la petite manette près du volant avant de bifurquer dans la courbe devant le Complexe Gravité. Le mode d’emploi des feux pour piétons est manifestement étranger à beaucoup d’automobilistes. Nombreux sont ceux qui pensent qu’un cycliste doit s’arrêter devant une main orange si le feu est vert. Ils sont dans l’erreur. Leur mauvaise connaissance du Code de la sécurité routière représente un risque de blessure grave et même de mort. Ces gens n’hésitent pas à tourner à droite devant un vélo, lui coupant la route, persuadés qu’il a l’obligation de s’arrêter devant la fameuse main quand le feu est vert. En fait, bien des gens pensent que l’automobile a préséance sur tous les modes de transport. Anecdote : je roule à vélo. Une auto se pointe le bout du nez en dehors d’un stationnement du boulevard D’Anjou. Contact visuel avec la conductrice. Elle avance et me bloque carrément la voie. Je freine, le coeur battant la chamade. Un vélo ça ne passe pas de 30 à 0 km/h comme une auto. Je réussis à stopper avant de heurter l’obstacle. L’auto dégage. Je la rattrape à un feu rouge. Je demande gentiment à la dame pourquoi elle m’a barré la route. «T’es juste un bécyk. J’ai la priorité», elle a lancé. «Mais non madame, je ne suis pas juste un bécyk. Je suis un être humain avec de la chair et des os», je l’ai renseignée. Ce phénomène de l’auto qui coupe un vélo pour s’engager dans la circulation à partir d’un stationnement ou virer à droite se produit constamment. Le fonctionnement des passages pour piétons ne fait pas partie non plus du bagage de connaissances de plusieurs. Je vois régulièrement des marcheurs poireauter devant cette série de bandes jaunes, attendant qu’un pied appuie sur le frein pour leur permettre de traverser. Et à voir le nombre de véhicules qui filent sur de longues distances dans les voies réservées aux virages à gauche sur les boulevards Saint-Jean-Baptiste et D’Anjou à Châteauguay, on peut conclure que la vocation de cet aménagement reste nébuleuse entre le siège et le volant de plus d’une voiture. À observer les gens sur la route, on en vient à se demander s’ils n’ont pas trouvé leur permis dans une boîte de Cracker Jack comme on disait dans le temps. Je pense que le problème est là: le temps. Des centaines de milliers de permis de conduire datent de  30, 40, 50 ou même 60 ans. Pour l’obtenir, leur propriétaire a réussi un examen théorique et un petit test sur route. Une fois le document dans le portefeuille, il est valide presque jusqu’à la mort de son titulaire, sans que celui-ci n’ait à refaire la preuve de ses compétences au volant. C’est une aberration. Le Code de la sécurité routière change pratiquement chaque année. Le monde évolue. Quand j’ai obtenu mon permis de conduire en 1978, texter en conduisant n’était pas interdit. Ça n’existait tout simplement pas! Pour réduire les risques associés à la conduite automobile, c’est primordial que les utilisateurs aient une connaissance approfondie de la loi. Pour s’en assurer, un seul examen, au départ, généralement à 16 ans, ne suffit pas. Le gouvernement devrait instaurer des tests aux cinq ans. Cela forcerait les gens à bien s’informer sur les règles en vigueur. Tu échoues, tu te reprends l’année d’après. Après trois échecs, tu fais une croix sur le privilège de conduire. Les intéressés peuvent tester leurs connaissances sur le site de la SAAQ.