Sports

Greffée des poumons et coureuse

le mercredi 23 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 23 septembre 2015
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Annie Harel a repoussé ses limites en prenant part au marathon de Montréal, dimanche. La Candiacoise de 37 ans a parcouru les 10 km alternant entre la course et la marche. Un exploit lorsqu’on sait qu’elle a subi une greffe des poumons il y a 15 ans.

«J’ai réussi à courir plus de la moitié du trajet. Tout le long du parcours, je courais avec des gens dont l’âge et la condition étaient différents. Pour une greffée, je me considérais en bonne santé», raconte la femme atteinte de fibrose kystique.

C’est en regardant des téléréalités mettant en scène des gens ayant un surplus de poids qui s’adonnent à l’exercice afin de maigrir qu’Annie Harel a décidé de passer à l’action.

«Je trouvais ces personnes courageuses. J’ai réalisé que je vieillissais, que si je voulais être en bonne santé et continuer à ce que cela se passe bien, il fallait que je me lève de mon divan et fasse quelque chose», poursuit-elle.

Quant au fait qu’elle a opté pour la course, elle indique que c’est le sport du moment.

«Tout le monde court! C’est la grosse mode et ce n’est pas dispendieux», indique Mme Harel.

Après avoir débuté son entraînement en novembre 2013, elle avait l’intention de participer au marathon de Montréal l’année suivante. Une blessure, trois semaines avant la tenue de l’événement, l’a obligée à reporter ce rendez-vous à cette année.   

Être essoufflé, c’est normal

Outre le défi de s’imposer un entraînement et de le maintenir, Annie Harel a dû relever un autre défi; l’essoufflement ne rime pas toujours avec maladie.    

«Je devais m’habituer à trouver normal le fait d’être essoufflée. Avant ma greffe, j’ai été, pendant quelques années, extrêmement essoufflée. Mon cerveau avait enregistré que lorsqu’on manque de souffle, cela veut dire qu’on n’est pas en bonne santé», explique la sportive.

Elle considère avoir eu un parcours «extraordinaire» depuis sa greffe réalisée à l’âge de 22 ans.

«J’ai des amis qui ont vécu la même condition que moi, mais dont le parcours a été parsemé d’obstacles. Depuis la greffe, je n’ai pas vraiment eu de problèmes de santé. Je travaille à temps plein et je vais à l’école à temps partiel», mentionne Mme Harel.

Temps

Elle déjoue également les pronostics médicaux concernant son taux de survie.

«Lors de la greffe, on m’a dit que j’avais 80% des chances de me rendre à ma 3e année, et 60% à ma 5e année. Cela fait maintenant 15 ans que je suis greffée», fait-elle remarquer.

Elle continue de composer avec la maladie, puisque la fibrose kystique ne s’attaque pas seulement aux poumons (ce qui n'est plus son cas), mais également à l’appareil digestif. De plus, elle doit prendre pour le reste de ses jours des médicaments antirejet.

«Ces médicaments nous rendent susceptibles d’attraper toutes sortes de virus et de bactéries. C’est plus facile pour nous de tomber malade. De plus, il se peut qu’un jour la médicamentation ne suffise plus à combattre le rejet. Il arrive un temps où notre corps rejette l’organe. Mes poumons vont toujours demeurer un corps étranger», précise-t-elle.

Participera-t-elle à d’autres courses?

«Au moment où je vous parle [le lendemain du marathon], je suis pas mal raquée. Continuer de courir de temps en temps serait un bel objectif. Et si, à la suite de la lecture de votre article, cela incite les gens à signer leur carte de dons d’organes, ce serait bien», conclut la Candiacoise.