Culture

Hommage aux femmes disparues des Premières Nations par un auteur de La Prairie

le vendredi 09 décembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 09 décembre 2016
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

L’auteur Sylvain Rivard aborde le sujet des femmes violentées et disparues des Premières Nations avec son récent livre, «Les poupées», où faits historiques et poésie s’entremêlent.

«Je sors complètement du livre jeunesse. Ce sont mes impressions que je donne sur ce sujet. Je suis choqué d’entendre qu’il s’agit de quelque chose de nouveau et qui est propre aux réserves. Ça ne date pas d’hier», raconte l’écrivain.

«Je voulais enlever, poursuit-il, la victimisation et faire état de cas de femmes et d’enfants qui n’ont pas eu de bons traitements depuis l’arrivée des Européens jusqu’à nos jours.»

Le résident de La Prairie qui a publié une quinzaine de livres reconnaît que les tragédies qui ont servi à guider sa prose ne sont pas des plus légères.

«C’est dense et lourd parce que les cas le sont. Je ne veux pas faire de la revendication, mais juste faire l’étalement de ce qui est arrivé. J’ai utilisé les poupées pour que ça soit moins gore que la réalité. Il y a des cas effrayants, dont chez des enfants», raconte-t-il.

Collectionnant les poupées anciennes, l'auteur les a disposées sur son bureau afin de s’imprégner du sujet. En tout, il a consacré cinq ans à la rédaction de ce livre de 128 pages destiné aux adultes.

Illustration

Comme à son habitude, Sylvain Rivard a illustré son ouvrage. Il a toutefois délaissé le collage employé dans ses livres pour enfants, pour recourir à la gouache noire et au crayon.

«Je voulais que les dessins démontrent que les choses [le sort des femmes autochtones personnifiées par des poupées] étaient abîmées. C’est pour ça qu’il y a des taches sur les dessins de poupées. Ce sont des vies souillées», précise l’artiste.  

Il indique que son livre aura une longue vie, puisqu’une exposition itinérante a été montée pour l’occasion. Celle-ci se déroulera selon les demandes des municipalités, institutions ou organismes. Les illustrations de l’auteur seront en montre et des femmes des Premières Nations viendront lire les textes tirés de la publication.

 

Michèle Audette

C’est alors qu’il corrigeait son manuscrit cet été que Sylvain Rivard a appris qu’Ottawa mettait sur pied une commission d’enquête sur les femmes autochtones tuées ou disparues. Ce hasard a semé chez lui le doute sur la pertinence de publier ou non son ouvrage.

«J’ai appelé Michèle Audette qui est une des cinq commissaires de la commission. C’est aussi une amie. Je lui ai dit que je ne voulais plus publier parce que j’étais un gars et que je me sentais imposteur. Michèle m’a dit non, que justement on avait besoin de la voix des hommes. J’étais rassuré», confie-t-il.

Personnalité connue et militante, Mme Audette a été présidente de l'Association des femmes autochtones du Québec de 1998 à 2004. Elle a signé la préface du livre Les poupées.