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Jacques Parizeau rend l'âme

le mardi 02 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 02 juin 2015

L'ancien chef du Parti québécois Jacques Parizeau est décédé hier soir.

Il laisse dans le deuil sa deuxième femme, la femme politique Lisette Lapointe, et ses enfants Bernard et Isabelle, nés de son mariage avec feue Alice Parizeau.

Né en 1930, Jacques Parizeau a été ministre des Finances du Québec de 1976 à 1984.

«Immense peine ce soir. L'homme de ma vie est parti. Tout en douceur, entouré de plein d'amour. Après un combat titanesque, hospitalisé durant cinq mois, traversant les épreuves, les unes après les autres, avec un courage et une détermination hors du commun, il a dû rendre les armes ce soir, 1e juin un peu avant 20 heures. Nous sommes dévastés. Nous l'aimons et l'aimerons toujours», a écrit son épouse sur Facebook.

C'est seulement 22 ans plus tard qu'il devient le 26e premier ministre du Québec. Il le demeurera du26 septembre 1994 au 29 janvier 1996. C'est lui qui passera à un cheveu de réaliser le rêve du fondateur du Parti québécois, René Lévesque, de réaliser l'indépendance du Québec. On se souviendra longtemps de sa célèbre citation «Si on a perdu, c'est à cause de l'argent et des ethnies», qu'il a lancée, amer, après avoir appris le verdict de la population en 1995 (51% pour le NON).

Jacques Parizeau a obtenu des diplômes des Hautes études commerciales de Montréal, de l'Institut d'études politiques de Paris et de la Faculté de droit de Paris.

Il devient ensuite un des conseillers politiques les plus influents durant les années 60. Il jouera un grand rôle notamment dans la nationalisation de l'électricité, la création du Régime des rentes du Québec, la création de la Société générale de financement (SGF) en 1962 et de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en 1965. Les chefs Jean Lesage et Daniel Johnson lui prêteront aussi une oreille attentive.

Jacques Parizeau a été nommé Grand officier de l'Ordre national du Québec en 2008.

Bernard Landry pleure son ami

Par Yannick Pinel

Actuellement à Paris, où il assistait à l’intronisation de Dany Laferrière à l’Académie française, Bernard Landry a rendu un vibrant hommage à son bon ami et frère d’armes, Jacques Parizeau. Selon lui, le Québec vient de perdre «le meilleur économiste de son histoire contemporaine».

Bernard Landry savait que son estimé collègue, Jacques Parizeau, était à la veille de mourir. Il lui avait d’ailleurs rendu visite récemment aux soins palliatifs de Marie-Clarac, où il était hospitalisé: «Je l’ai vu il y a quelque temps. Les signes étaient très alarmants.» Or, lorsqu’on lui a laissé un message vers 22h30 hier, soit un peu moins de deux heures avant que Lisette Lapointe annonce la mort de son mari sur Facebook, il n’était pas au courant. C’est donc Métro qui a appris la terrible nouvelle à l’ancien premier ministre. Très ému, le trémolo dans la voix, Bernard Landry nous a rappelés vers 3h30 du matin (9h30 heure de Paris). 

Si M. Parizeau était un grand homme aux yeux de M. Landry, il était aussi et surtout un grand économiste. Certainement le plus doué qu’il a connu. Venant d'un ancien ministre des finances, ce n'est pas peu dire. Celui «qui a donné la crédibilité économique» à René Lévesque possédait des «compétences économiques invraisemblables», d’applaudir M. Landry, citant notamment pour preuve le doctorat de M. Parizeau en économie de la London School of Economics. «Il est le seul Québécois et Canadien à avoir accompli ce fait d’armes.»

Fait inusité que peu de gens connaissent et qui en dit long sur les liens unissant les deux anciens chefs d’état, Jaques Parizeau et Bernard Landry ont obtenu leur carte de membre du Parti québécois le même jour, à l’été 1969.

La victoire du PQ à l’élection de 1976, que les deux hommes ont vécu côte à côte, «fut une aventure extraordinaire», rappelle M. Landry.

Mais en 2015, quelque 40 années plus tard et à l’âge vénérable de 84 ans, M. Parizeau croyait-il toujours à la souveraineté? «Comme moi, il applaudissait l’engagement de Pierre Karl Péladeau. Sans être le sauveur, Pierre Karl est celui qui fait renaître l’espoir», assure-t-il. D’ailleurs, les deux amis en ont récemment discuté au téléphone et se sont entendus sur ce point.

Lorsque questionné sur la célèbre citation de Parizeau de 1995, celle qui attribuait la défaite référendaire à l’argent et aux votes ethniques, Bernard Landry juge que son ami a payé bien cher pour cette bourde: «L’interprétation était grossière, certes, mais pour l’argent, il avait raison et l’histoire nous l’a prouvé. Ce référendum, on se l’est fait voler, on se l’est fait arnaquer.»

Bien que MM. Parizeau et Landry semblent avoir un destin politique commun, les deux ayant occupé les postes de chef du PQ, ministre des finances et premier ministre du Québec, ils n'ont jamais eu que du respect l’un envers l’autre. «J’ai vécu une grande partie de ma vie avec lui et j’en suis très choyé», de conclure celui qui a été premier ministre de mars 2001 à avril 2003.