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Karma Revero 2018 : renaissance

le mercredi 18 juillet 2018
Modifié à 15 h 21 min le 18 juillet 2018
Le Guide de l'Auto
Article par Michel Deslauriers

Difficile de parler de la Revero sans mentionner son enfance tumultueuse. Créée par Henrik Fisker, designer automobile et entrepreneur ayant crayonné des voitures telles que la BMW Z8 et l’Aston Martin DB9, la Fisker Karma est apparue sur le marché en 2011 comme une berline de luxe hybride rechargeable. À peine un an plus tard, l’ouragan Sandy a frappé la côte est des États-Unis, détruisant plus de 300 unités fraîchement assemblées de la voiture, alors que le seul fournisseur de batteries de la compagnie a déclaré faillite. Fisker n’a pas pu se relever de ses deux coups de poing à la poitrine, et le petit constructeur a dû fermer ses portes en 2013.

Toutefois, le design stupéfiant de la voiture et – à ce moment-là – sa motorisation avancée a convaincu la compagnie chinoise Wanxiang de ramener la Karma à la vie. Elle a acheté les biens et les designs de Fisker ainsi que la firme de batteries A123 Systems en faillite, et après quelques années de réajustements, la berline est de retour sur le marché. La marque s’appelle maintenant Karma, et la voiture, la Revero.

Mécaniquement, la Karma Revero 2018 est largement inchangée par rapport à la Fisker Karma. Elle est équipée de deux moteurs électriques propulsant les roues arrière, produisant un total de 403 chevaux ainsi qu’un étonnant couple de 981 livres-pied. Un quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres développant 235 chevaux agit comme génératrice montée à bord pour continuer de rouler une fois que la batterie a atteint son niveau de charge minimal. Il est important de noter que le moteur à essence n’est aucunement connecté aux roues. Le système de modes de conduite de la voiture propose trois réglages, incluant Sport, Sustain (pour préserver le niveau de charge de la batterie) et Stealth (100% électrique).

En mode Sport, la Revero peut accélérer de 0 à 96 km/h (0-60 mi/h) en 5,4 secondes, selon le constructeur, et atteindre une vitesse de pointe de 200 km/h. C’est rapide, mais on ne se rapproche pas du tout des performances d’une Tesla. La Karma n’a pas été conçue au départ pour être une voiture de course de drag, et son poids s’élève à 2 449 kilogrammes (5 400 lb). Une masse considérable pour une berline ne portant pas un écusson Rolls-Royce ou Bentley.

En mode Stealth, la motorisation est plus relaxe afin de maximiser son économie d’énergie, et le sprint de 0 à 96 km/h s’allonge à 6,9 secondes. Aux États-Unis, l’autonomie 100% électrique de la Karma est estimée à 80 km/h tout au plus, mais chez nous, selon les procédures de calcul dictées par Ressources naturelles Canada, l’autonomie de la voiture s’élève plutôt à une estimation de 60 km. Grâce à un chargeur intégré de 6,6 kWh, un remplissage complet de la batterie sur une borne de 240 volts prend 3,75 heures.

En ce qui concerne les hybrides rechargeables, l’autonomie de la Revero est plus élevée que celle de tous les autres modèles vendus sur notre marché, à l’exception de la Chevrolet Volt et de la Honda Clarity. Mais attendez – puisque le moteur à combustion n’est aucunement connecté aux roues motrices, ne devrait-on pas plutôt considérer la Karma comme une voiture électrique? Oui, dans la même veine que la BMW i3 munie de son prolongateur d’autonomie optionnel. Par contre, le constructeur vend la voiture comme une hybride rechargeable, alors on la catégorisera ainsi. Un véhicule électrique affichant une autonomie de 60 km ne serait pas très intéressant de toute façon.

Quant à l’autonomie totale, c’est un peu décevant. Le quatre cylindres de 2,0 litres provient de chez General Motors, acheté originalement par Fisker il y a quelques années. Selon Karma, ces moteurs inutilisés dans leurs boîtes ont été rigoureusement inspectés par des techniciens de GM, et on en possède suffisamment pour équiper la Revero durant son cycle de production au complet.

Toutefois, non seulement ces moteurs carburent à l’essence super, mais la cote mixte ville/route de la voiture s’élève à 11,5 L/100 km. En combinant cette moyenne avec un réservoir de 36 litres, on obtient une autonomie supplémentaire que RNCan estime à 328 km. Une Tesla Model S peut faire mieux en utilisant uniquement sa batterie. Autrement dit, on peut couvrir de longues distances à bord de la Karma si l’on s’arrête pour faire le plein d’essence, mais il est mieux de maximiser son autonomie 100% électrique en branchant la voiture le plus souvent possible.

Lors de notre essai bref, la Karma Revero 2018 a démontré sa conduite solide et son habitacle bien insonorisé. Le moteur à essence s’active lorsque l’on choisit les modes Sport et Sustain, mais il n’est pas très bruyant. En mode Stealth, la voiture émet un faible bruit électronique afin d’aider les malvoyants à détecter sa présence.

En revanche, l’habitacle est petit. Le compromis du design intemporel de la carrosserie, c’est un manque d’espace intérieur, et monter à bord de la Revero, c’est un peu comme enfiler un gant. La visibilité vers le monde extérieur n’est pas fameuse, mais au moins, une fois que l’on est bien assis, les commandes sont toutes à portée de main. Les deux occupants assis à l’arrière ne se sentiront pas coincés, et avec un volume de 125 litres, le coffre est minuscule et peu profond.

Le système multimédia et de climatisation a dû être complètement redessiné, et franchement, le fournisseur de Karma a fait un bon boulot. L’écran tactile est réactif, les menus sont faciles à parcourir tout en conduisant et l’on obtient même l’intégration Apple CarPlay et Android Auto, si c’est ce que l’on préfère. Une chaîne audio à huit haut-parleurs complète le tableau.

À l’instar des véhicules de Tesla, la Revero est connectée sur Internet et peut recevoir des mises à jour logicielles par la voie des airs. Si un propriétaire découvre un problème électronique avec sa voiture, le service à la clientèle de Karma peut tenter de le résoudre à distance.

Quant à l’équipement de sécurité, la voiture inclut l’avertissement de précollision frontale, l’avertissement de sortie de voie et la caméra de recul, mais c’est à peu près tout. Une surveillance des angles morts serait souhaitable, mais elle n’est pas disponible. Puisque l’on aborde le sujet des caractéristiques absentes, il n’y a pas de volant chauffant, mais l’on obtient quand même des sièges chauffants à l’avant et à l’arrière.

La Karma Revero 2018 est une machine intrigante. C’est plus qu’un jouet, mais elle n’a pas la prétention d’être une alternative viable à une Mercedes-Benz Classe S, une Porsche Panamera, ou même une Tesla Model S. Avec un prix à partir de 149 000 $ au Canada, avant les frais de transport et de préparation, elle est également dispendieuse, mais on profite tout de même d’une berline exclusive et environnementale, une qui attirera les regards partout où elle passe. Les gens de Karma nous ont dit que plusieurs propriétaires utilisent leur Revero comme voiture de tous les jours, ce qui ne nous surprend pas du tout.

Actuellement, on retrouve trois concessionnaires Karma au Canada – Montréal, Toronto et Vancouver – et la compagnie prévoit vendre environ 50 unités par année au pays. Aux États-Unis, on planifie d’en écouler entre 200 et 300 annuellement.

Si tout fonctionne comme prévu, le succès de la Revero pavera la voie pour une éventuelle nouvelle génération ainsi qu’un VUS. Concernant ce dernier, le constructeur affirme que son élaboration est déjà en branle.