Opinion

La mama italienne

le mercredi 20 septembre 2017
Modifié à 0 h 00 min le 20 septembre 2017
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Voici le billet du 20 septembre 2017 d'Hélène Gingras.

Avez-vous déjà eu l'impression d'être dans un film?

On n'arrêtait pas de me dire: «Oh! Tu vas tellement bien manger. Tu vas rentrer dans des restaurants qui n'auront l'air de rien et te régaler comme jamais.»

Depuis que j'avais dit aux gens que j'allais en Italie, tout le monde me répétait la même affaire. À m'en casser les oreilles. J'ai fini par me dire que tout le monde exagérait. Ben oui, pis je vais aussi rencontrer une mama italienne. À d’autres! On n’est pas au cinéma.

Un soir, je me suis retrouvée dans un petit village de 700 âmes. Avec peu de restaurants aux alentours. Par fatigue, nous avons opté pour une adresse qui se trouvait à 500 mètres de l’hôtel. Et c'est là que j'ai goûté à la meilleure pâte à pizza depuis longtemps.

J'étais tellement sous le charme culinaire de l'endroit que j'y suis retournée le lendemain. J’ai commandé des gnocchis. Ah! J’oubliais. Je déteste les gnocchis. À m’en confesser. J'ai léché mon assiette jusqu'à la dernière goutte de sauce. Tant c'était bon.

Puis, le serveur était d'une rare efficacité. Il était seul dans le resto qui comptait une quinzaine de tables. Le deuxième soir, il était si débordé que la vaisselle sale s'accumulait sur un comptoir. En fin de soirée, une dame est venue lui donner un coup de main pour laver des verres et des assiettes. Une pensée m'a traversé l'esprit à l'effet que c'était peut-être la mère du serveur. En rêvassant, j’imaginais que c’était la mama de l'endroit. Celle qui m’avait renversée avec ses gnocchis.

Deux jours plus tard, j’ai voulu prendre l'autobus devant le restaurant qui abritait également un petit dépanneur. Je suis alors entrée pour acheter un titre de transport. Et c'est avec surprise que j'ai retrouvé la dame que j'avais aperçue derrière le comptoir du restaurant.

J'ai alors osé lui demander si c'est elle qui faisait la cuisine au restaurant voisin. Tout ça avec beaucoup de gestes, car elle ne parlait pas anglais ni français et que mon italien reste à travailler.

Quand j'ai prononcé le mot gnocchi en faisant un signe de perfection avec mes doigts, son visage s’est illuminé d’un grand sourire. J'aurais voulu la prendre dans mes bras. Tourner une scène de film. Parce que le même sourire ne me quitte plus quand je repense à ses gnocchis.